Océans

Expédition Thon 2016 : Cap sur les Seychelles

L’Esperanza se trouve à présent à l’est des Seychelles. C’est une nouvelle journée de recherche qui commence. A 5h30, perché sur Monkey Island - le point le plus haut de l’Esperanza - le second est planqué derrière ses jumelles.

 

Une aiguille dans une botte de foin

Même s’ils sont présents par milliers dans cette région, les dispositifs de concentration de poissons (DCP) sont difficilement repérables. Une aiguille dans une botte de foin. Des bouts de bois flottants au milieu de l’océan. Mais l’équipage de l’Esperanza a mis toutes les chances de son côté pour parvenir à en ramasser le maximum.

En plus de la surveillance aux jumelles, l’équipe à bord analyse également les informations sur les tracés des bateaux, grâce à leurs AIS (Automatic identification system). Quelques soient les conditions de visibilité, l’AIS permet de repérer les navires se trouvant aux alentours de l’Esperanza. Développer au début des années 2000, ce système a pour but initial de prévenir les collisions entre navires. Aujourd’hui, ce système nous permet de traquer les thoniers senneurs que nous savons friands de l’utilisation de DCP.

Nous en sommes maintenant à 10 DCP retirés des eaux. Une nouvelle fois, on y trouve des traces de Petit Navire. Les DCP en question appartiennent aux bateaux Bernica et Manapany. Ils fournissent tous les deux Thai Union, la maison – mère de Petit Navire. Mais ce n’est pas tout. Nous avons également récupéré des DCP provenant de navires rattachés à la Sapmer.

Monstres des mers et greenwashing

La Sapmer est l’un des trois armateurs français ciblant le thon tropical. C’est seulement en 2006 que la Sapmer s’est lancé dans la pêche au thon tropical. Depuis, son avidité n’a cessé de grandir. D’ici 2018, elle a l’ambition d’avoir à l’eau une flotte d’au moins 20 thoniers senneurs, avec une capacité annuelle de capture de plus de 100 000 tonnes ! Face à l’état des stocks de thon tropicaux, les ambitions de la Sapmer sont irresponsables et démesurées. Pourtant Petit Navire la compte parmi ses fournisseurs. Le Dolomieu et le Franche – Terre notamment fournissent la marque, deux navires que l’on peut apercevoir dans cette vidéo :

Pour ne rien arranger, vous n’êtes peut-être pas sans savoir que Petit Navire fait partie des membres fondateurs de la Fondation internationale pour la durabilité des produits de la mer (ISSF) qui n’a de durable que le nom.

Les géants mondiaux de l’industrie thonière tirent les ficelles de cette “Fondation”. Ce sont eux qui alimentent grassement les caisses de l’ISSF, à l’instar de la filiale américaine de Thai Union, Chicken of the sea, qui a versé une coquette cotisation de 300 000 dollars à la Fondation. Rien que ça !

Ne pas faiblir

En mer, sur terre, avec vous, nous ne devons pas relâcher la pression sur Petit Navire. Grâce à votre mobilisation la marque ne peut plus nous ignorer. Elle a notamment réagit sur sa page Facebook, expliquant travailler à des “améliorations concrètes”.

Or, Petit Navire ne fait que déplacer le problème de la surexploitation des stocks de thon d’une espèce à une autre, ou d’un océan à l’autre. Baisser les approvisionnements d’une espèce en se reportant sur une autre espèce n’est une solution ni crédible ni durable. L’année dernière, ils expliquaient augmenter la part d’Albacore de l’océan Indien pour épargner le stock de l’Atlantique ; aujourd’hui ils comptent privilégier l’océan Pacifique pour épargner l’océan Indien… Jusqu’où cela va-t-il aller ?

Nous devons continuer à les interpeller, à faire vivre ce sujet crucial pour les écosystèmes marins (Voir le reportage du JT de France 2) et faire en sorte qu’ils ouvrent les yeux sur les dégâts d’une pêche thonière hors de contrôle. Petit Navire affirme que la pêche sur DCP, au même titre que la pêche à la canne, fait parti des meilleurs méthodes de pêche. C’est faux ! Les DCP pillent les ressources et mettent en danger des espèces marines qui le sont déjà. La pêche à la canne, non. Alors, aux actes, Petit Navire !

Vous pouvez écrire aux dirigeants de Petit Navire ou les interpeller sur les réseaux sociaux via Twitter et Facebook.