Troisième tentative de Greenpeace de libérer les thons rouges en Méditerranée

Océans

Paris, 13 juin 2010 – Vers 14h cet après midi, au sud des côtes maltaises, dans les eaux internationales, les militants de Greenpeace ont tenté une troisième action en Méditerranée, pour libérer les thons rouges captifs dans une cage de transport. Les thons étaient emmenés vers une ferme d’engraissement à Malte, dans une cage appartenant à un maltais, qui contenait des thons pêchés plus au sud. L’action n’a pu aboutir du fait d’un barrage de bateaux sur place qui a empêché les militants d’accéder à la cage.

Objectif : Ouvrir les cages de transport et libérer les thons
Durant deux heures, les militants sur leurs zodiacs ont donc tenté d’ouvrir une cage de transport, pour libérer les thons capturés. Mais à l’aide de plusieurs bateaux, le remorqueur de la cage a maintenu les zodiacs de Greenpeace à distance. La marine maltaise a aussi empêché l’accès à la cage en repoussant les militants à l’aide de canons à eau. Plutôt que de s’appliquer à protéger une espèce menacée, la marine maltaise a donc protégé des intérêts privés, afin de permettre l’engraissement puis l’abattage des thons. Il peut y avoir jusqu’à 200 tonnes de thons dans ce type de cage, remorqués vivants, vers des fermes d’engraissement, dans ce cas maltaises. La pêche au thon rouge en Méditerranée est une véritable industrie, dont l’engraissement est une partie importante : entre juin et février, les thons sont gavés dans des fermes aquacoles, principalement autour de Malte, pour prendre du poids et donc de la valeur à l’export, à 80% vers le Japon. Retrouvez toutes les phases de l’industrie du thon sur https://www.greenpeace.fr/thon-rouge/industrie-du-thon#peche. Si les opérations de captures sont maintenant illégales pour les navires battant pavillon européen, le transport pour l’engraissement des thons déjà capturés continue à bon train en Méditerranée.

Pourquoi ? Interférer sur toute action de pêche, seule façon de sauver l’espèce
Durant les 20 dernières années, le nombre de thons rouges adultes en Méditerranée a diminué de 80% selon les scientifiques. Le quota accordé pour 2010 s’élève à 13 500 tonnes alors que les scientifiques de l’Iccat, l’organisation qui gère la pêche du thon rouge, estiment qu’avec une limite à 8 000 tonnes, on aurait seulement une chance sur deux de voir le stock se reconstituer d’ici à 2022.

« Les lois et quotas existants ne permettent pas de sauvegarder l’espèce », explique François Chartier, chargé de campagne Océans à Greenpeace France. « Tout thon capturé, en plein période de reproduction dans les eaux de Méditerranée, alourdit encore la menace qui pèse sur l’espèce. Greenpeace estime donc qu’il est de son devoir d’interférer sur toute opération rencontrée, légale ou non : il faut agir, toujours de façon non-violente, mais maintenant, si l’on veut donner une dernière chance au thon rouge. »

La solution: moratoire sur la pêche et réserves marines
Greenpeace demande un arrêt immédiat de la pêche à la senne, principale responsable des dégâts faits à l’espèce. L’Iccat, dont la prochaine réunion aura lieu à Paris en novembre, fixe les quotas pour l’année suivante. Plus globalement, Greenpeace demande la création de réserves marines, notamment sur la zone des Baléares où cette espèce se reproduit. Ainsi, le stock pourra se reconstituer et l’espèce pourra survivre.

« Même chez les pêcheurs, on commence à se rendre compte que cette pêche ne peut plus être rentable, et que le moratoire est la seule solution » explique François Chartier. « Nous resterons mobilisés pour protéger l’espèce et obtenir un moratoire. »