Trafic de déchets nucléaires à destination de la Russie : Greenpeace contrecarre les plans d'Areva

Climat

Le Havre, le 17 février 2010 – Mardi 16 février, Greenpeace a bloqué le départ d’un train de déchets nucléaire à sa source, sur le site du Tricastin (Drôme). Positionnés à la sortie ferroviaire de l’usine Eurodif, les activistes sont restés en place plus de neuf heures pour empêcher le convoi de sortir du complexe nucléaire.

Cette interpellation sur le deuxième train de l’année chargé de déchets nucléaires en partance pour la Russie, intervient après les actions faites à Cherbourg le 25 janvier sur le premier convoi. Greenpeace a ainsi contraint Areva à changer ses plans. Initialement prévu à Cherbourg aujourd’hui, le transfert des conteneurs de déchets nucléaires sur le Kapitan Kuroptev, navire chargé d’acheminer la cargaison à Saint-Pétersbourg, devrait finalement avoir lieu au port du Havre ce soir.

« Nous voulons obtenir un moratoire immédiat sur ces exportations de déchets en Russie, déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de Greenpeace présent au Havre. Nous ne laisserons pas passer un seul convoi sans entrave. Si les pouvoirs publics laissent Areva et EDF poursuivre leur trafic opaque en toute impunité, nous sommes contraints d’agir. »

Des mensonges, encore des mensonges
Hier, une responsable de la communication d’Areva expliquait aux journalistes présents sur le site du Tricastin que les matières envoyées en Russie n’étaient pas des déchets mais de l’uranium naturel destiné à être enrichi et qu’une fois cette opération terminée les matières revenaient en France.

Greenpeace sait aujourd’hui que cette affirmation est fausse grâce au rapport sur les flux de matières entre la France et la Russie, fourni par le Haut fonctionnaire de Défense et publié en décembre dernier.

« Edf et Areva tentent nous faire passer pour des extrémistes, des alarmistes en faisant croire n’importe quoi aux journalistes et aux citoyens français, dit Yannick Rousselet. Nous, nous avons des chiffres qui prouvent ce que nous affirmons. Les industriels ne font que parler mais ne prouvent rien. Ils ne dupent plus personne. »

Même les autorités françaises n’ont plus confiance
Depuis la diffusion en octobre 2009, sur Arte, du documentaire de Laure Nouhalat et Eric Guéret « Déchets, le cauchemar du nucléaire », le scandale des exportations de déchets nucléaires français en Russie, combattu par Greenpeace depuis longtemps, a été remis sur le devant de la scène. Ainsi, le Haut comité sur la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) a été officiellement saisi par le ministre de l’Écologie et de l’Énergie Jean-Louis Borloo et l’Office parlementaire des choix technologiques, afin de tenter de faire la lumière sur le trafic d’Areva et EDF.

« Nous avons là une preuve forte du peu de confiance que le gouvernement français accorde désormais aux industriels du nucléaire, ajoute Yannick Rousselet. Le fait que l’État ait besoin de faire appel à un organisme extérieur pour obtenir les réponses qu’il attend montre le niveau de crédibilité de la parole d’Areva et EDF. »

Une théorie qui ne tient pas la route
« Les industriels affirment que les déchets envoyés en Russie sont enrichis pour faire un nouveau combustible. C’est comme si on envoyait aux Russes des oranges déjà pressées pour faire du jus. C’est techniquement faisable, mais si compliqué, si cher, si peu rentable qu’ils ne le font pas », conclut Yannick Rousselet.