TotalEnergies et ses complices, 100 ans de destruction

A l’avant-veille de la date officielle des 100 ans de TotalEnergies, une cinquantaine de militantes et militants d’Alternatiba Paris, des Amis de la Terre France et de Greenpeace France sont venus perturber la soirée partenaires organisée en grande pompe au château de Versailles, loin de la « vie réelle » chère à Patrick Pouyanné. Alors que de nombreuses personnalités sont attendues dans ce lieu historiquement associé au rayonnement de la France et à la démesure du Roi Soleil, les ONG sont venues demander la fin du règne fossile. Elles dénoncent notamment la lourde responsabilité de TotalEnergies dans la crise climatique et son mépris des droits humains, ainsi que la complicité de ses soutiens politiques et financiers. Pour les associations, le centenaire de TotalEnergies correspond à cent années d’activités dévastatrices pour les droits des communautés, les milieux naturels et le climat, des décennies de manipulation de la science et de greenwashing, mais aussi un siècle de profits qui atteignent des records aujourd’hui, comme la facture d’énergie des françaises et français.

Action de Greenpeace, les Amis de la Terre et Alternatiba Paris dans le domaine du château de Versailles                    © Claire Jaillard / Greenpeace


Toutes les images de l’action (photo et vidéos) disponibles  ICI


Les militantes et militants climat s’invitent à la fête

Vers 17h30, des militantes et militants ont déployé une banderole déclamant :  « Mettons fin au règne du pétrole et du gaz ! » dans le domaine des jardins au niveau des bassins, devant le château de Versailles. Dans la foulée, une cinquantaine d’activistes ont pénétré sur le parvis, tenant des flambeaux en écho au sinistre anniversaire, et en déclamant « Totalement irresponsable ». Ils et elles ont déroulé de petites banières où l’on pouvait lire, « Pas de projets destructeurs sans financeurs », ou encore « Total coupable, État complice ». Les forces de l’ordre, très nombreuses ont nassé les militants pacifiques avec plusieurs membres de la presse.

© Rémy El Sibaïe / Alternatiba Paris 

L’objectif de cette action est de dénoncer le désastreux bilan des activités de TotalEnergies, en décalage avec le faste indécent de cette soirée. TotalEnergies est en effet l’une des entreprises fossiles les plus agressives dans l’expansion des énergies fossiles (1), impliquée dans 33 « bombes climatiques » à travers le monde (2). Au delà de sa communication sur sa supposée transition, son modèle est encore très majoritairement tourné vers la production d’hydrocarbures : en 2023, 98% de sa production d’énergie provenait des énergies fossiles (3). Ces choix, faits en dépit de l’urgence climatique, des conclusions du GIEC et des recommandations de l’AIE (4) auront de lourdes conséquences pour la planète entière. Surtout, ils se font en dépit des engagements de la France en matière climatique et de droits humains.

À l’heure du bilan du fleuron pétro-gazier française, force est de constater que le business model mortifère qui a fait la puissance du groupe persiste en toute impunité grâce au soutien indéfectible de l’État qui refuse d’assumer son rôle de régulateur de l’industrie fossile et grâce à un certain nombre d’acteurs financiers qui permettent à TotalEnergies de continuer à prospérer.

Consulter le briefing presse sur les 100 ans de destructions engendrées par TotalEnergies ICI.

Les moyens de l’État français et en particulier sa diplomatie économique ont été mis au service de TotalEnergies depuis sa création pour aider son expansion dans le monde entier, en particulier sur le continent africain au détriment des populations. C’est le cas des méga-projets EACOP et Tilenga en Ouganda et Tanzanie, affectant les terres de 118 000 personnes et les privant de leurs moyens de subsistance (5). C’est aussi grâce au laisser-faire de l’État qu’un nouveau terminal méthanier a été mis en service au Havre au lendemain de la guerre en Ukraine, permettant à TotalEnergies d’importer encore plus de gaz de schiste américain sur le continent européen et de rester le leader mondial des exportations de gaz liquéfié américain (6). Cette complaisance de l’État était notamment visible lors de la dernière COP à Dubaï, TotalEnergies faisant partie de la délégation officielle de la France.

TotalEnergies peut également compter sur ses partenaires financiers qui jouent un rôle clé dans la perpétuation de ce modèle. Les précieux financements des grandes banques françaises lui permettent de poursuivre son expansion fossile en développant de nouveaux projets. C’est la cas du projet de gaz fossile Mozambique LNG, que TotalEnergies tente à tout prix de relancer en zone de conflit et en pleine crise humanitaire, avec le soutien de Crédit Agricole et Société Générale (7). Les trois premiers financeurs mondiaux de la major sont des banques françaises : BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale, qui représentent à elles seules 41 % de ses financements.

« Après 100 ans d’activités et de méfaits, TotalEnergies n’a jamais appris de ses erreurs car ses partenaires complices l’ont toujours soutenu. Si bien que Crédit Agricole et Société Générale restent obstinément solidaires de Mozambique LNG, un projet pour lequel TotalEnergies s’avère indigne de confiance depuis déjà cinq ans et est accusée de graves violations des droits humains. La situation humanitaire et sécuritaire dans le nord du pays est si dramatique que l’équivalent de la population de la ville de Caen a été forcée de fuir. Cela se passe en ce moment même, pendant que l’État et les banques festoient avec les profits de TotalEnergies. Cette indécence doit prendre fin. » déclare Lorette Philippot, chargée de campagne Finance privée au Amis de la Terre France.

« Derrière le récit officiel du fleuron industriel français TotalEnergies, se cache une histoire beaucoup plus sombre entachée de scandales : destruction du climat et des droits humains, fabrique du doute, greenwashing ou encore tentative d’intimidation des ONG. En continuant sciemment à miser sur les énergies fossiles, Patrick Pouyanné perpétue sans vergogne un modèle mortifère pour maximiser les profits de la multinationale. Il est grand temps que les responsables politiques signent la fin de l’ère fossile et mettent en place des mesures pour réguler le secteur et l’obliger à payer pour les dégâts engendrés. » déclare Edina Ifticène, chargée de campagne Énergies fossiles à Greenpeace France.

« Cette soirée rassemble ‘la crème’ des acteurs responsables de la crise climatique, énergétique et sociale qui frappe le pays de plein fouet. Les super-profits accumulés par TotalEnergies célébrés ce soir au milieu des dorures et des petits fours, sont indécents alors que les citoyens et citoyennes subissent une inflation continue des prix à la pompe ou pour se chauffer. Il n’y a aucune fierté à être les ‘pionniers’ d’autant dinjustice. » déclare Sasha Arfeuille, porte-parole d’Alternatiba Paris.

Les associations appellent les acteurs politiques et les grandes banques françaises à ne plus soutenir la stratégie climaticide de TotalEnergies ! Nous demandons des actes ambitieux à ces acteurs : des mesures effectives de mise en œuvre de la sortie des énergies fossiles, le développement des énergies renouvelables, le renoncement à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, ainsi que des mesures de sobriété et d’efficacité énergétique, comme une rénovation énergétique des logements.

Les activistes sont toujours nassés et regroupés sur le côté de la place.

Notes aux rédactions :
1) Le Monde, 31 octobre 2023, « Bombes carbone » : TotalEnergies, numéro deux mondial des mégagisements fossiles
(2) Greenpeace France, octobre 2023, Les bombes climatiques de TotalEnergies

(3) Analyse de Greenpeace France suite à la présentation des résultats annuels de TotalEnergies en février 2024
(2) Greenpeace France, octobre 2023, Les bombes climatiques de TotalEnergies
(3) Analyse de Greenpeace France suite à la présentation des résultats annuels de TotalEnergies en février 2024
(4) Reclaim Finance, novembre 2022, WEO 2022, De l’âge des énergies fossiles à l’ère de l’énergie propre
(5) Les Amis de la Terre France, Survie et l’Observatoire des multinationales, octobre 2021, Comment l’Etat fait le jeu de Total en Ouganda ?
(6)  Les Amis de la Terre France, communiqué de presse, juillet 2022, PJL pouvoir d’achat : le gouvernement tente d’imposer un terminal gazier en dérogeant aux normes environnementales

(7) Les Amis de la Terre France, juin 2020, De l’eldorado gazier au chaos, Quand la France pousse le Mozambique dans le piège du gaz