Thon rouge : Leclerc en flagrant délit de manipulation publicitaire !

Océans

Paris, 19 février 2010 – Clamant à coup de pleines pages de publicité qu’il va retirer de la vente certaines espèces marines menacées, le groupe Leclerc cherche à se positionner en acteur responsable. D’après sa campagne publicitaire, qui classe les pêcheurs parmi les espèces en voie de disparition, Leclerc se veut le défenseur de la pêche artisanale. Le problème, c’est que le géant de la distribution fait une exception pour… les pêcheurs industriels que sont les thoniers senneurs français, principaux prédateurs du thon rouge de Méditerranée.

« Les supermarchés Leclerc prennent le thon rouge comme alibi pour verdir leur image », dénonce François Chartier, chargé de campagne Océans à Greenpeace. « Leclerc ne s’est jamais engagé pour une pêche durable : ces supermarchés affichent en gros caractères un soutien à la pêche artisanale, alors qu’ils prennent le parti des thoniers industriels en note de bas de page, en catimini. »

Leclerc s’engage à ne se fournir en thon rouge qu’auprès de la pêche artisanale… en faisant exception pour la pêche industrielle !

Là où Leclerc fait le plus fort, c’est que l’enseigne a décidé « de ne proposer que du thon rouge provenant exclusivement de la pêche artisanale » en précisant, en note de bas de page, marquée par un astérisque et écrite en tout petit : « excepté les 28 senneurs listés en annexe 1 de l’arrêté du 28 janvier 2010 »… La flotte française comptait en 2009 effectivement 28 thoniers senneurs, bateaux industriels de pêche qui sont précisément les principaux prédateurs du thon rouge de Méditerranée ! Après avoir clamé qu’elle veut soutenir la pêche artisanale, l’enseigne de la grande distribution nous dit donc, en note de bas de page et en petits caractères, qu’elle fera exception pour tous les bateaux industriels français ! Plus c’est gros, plus ça passe, ont dû se dire les communicants de Leclerc…

Leclerc s’engage à retirer de ses étals une espèce qui ne peut être pêchée !
La publicité précise que les centres Leclerc vont retirer de la vente le siki. Cette espèce de requin pêchée dans les grands fonds est tellement menacée que la pêche ciblée sur cette espèce est déjà interdite.
Comme il peut arriver que certains spécimens soient pris dans les filets accidentellement, la Commission européenne a fixé pour 2010 un quota très faible (80 tonnes sur toute l’Europe, dont 34 tonnes en France).

Leclerc communique sur des listes rouge et orange, qui n’engagent à rien
Dans le communiqué qui accompagne la sortie de la publicité sur son site, Leclerc mentionne des listes rouges et orange, dressant des listes de poissons dont les cas sont à l’étude. Sur la liste rouge, présentée comme celle qui rassemble les espèces les plus fragiles, l’engagement de l’enseigne se limite en 3 points : ne pas faire la promotion de ces espèces, respecter les contraintes légales concernant les tailles et les quotas, envisager des espèces de substitution. A aucun moment Leclerc ne s’engage à retirer ces espèces de ses rayons… Ainsi, sans contrainte de temps, sans indication sur les espèces de substitution, Leclerc se vante en réalité d’être un acteur remarquablement responsable car il se contente de respecter les lois en vigueur.

« Nous avons appelé nos différents contacts au sein de l’enseigne, ainsi que le service de presse de Leclerc pour se faire préciser tous ces points, précise François Chartier. Ils n’étaient pas disponibles ou alors habilités à répondre seulement aux journalistes. »