Thon rouge : Le Parlement européen plus responsable que le gouvernement français !

Océans

Paris, 10 février 2010 – Le Parlement européen a voté ce midi le soutien au classement du thon rouge en annexe 1 de la Cites, rejetant les amendements qui demandaient un délai de 18 mois. Par ce vote, les élus européens demandent instamment à la Commission d’agir dès aujourd’hui pour sauver l’espèce.

« Nous saluons le vote des députés européens, qui se révèlent être plus engagés pour la sauvegarde du thon rouge que le gouvernement français ! Maintenant c’est à la Commission et au Conseil de se prononcer dans le même sens » explique François Chartier, chargé de campagne Océans. « En effet, Le délai de 18 mois demandé par la France ne s’explique que par des raisons de politique nationale et ne sert qu’à gagner du temps pour l’indemnisation des pêcheurs ; il ne tient pas compte de l’urgence pour l’espèce ».

Une victoire d’étape vers la Cites
La réunion de la Cites en mars prochain est l’occasion de mettre un terme au pillage de cette espèce. Les 27 pays membres de l’Union européenne doivent adopter une position commune, qu’ils porteront de façon unanime lors de cette prochaine conférence à Doha. Ils devraient pour cela respecter la démocratie et suivre l’avis des eurodéputés Si les 27 voix de l’Union européenne soutiennent effectivement un classement en annexe 1 sans délai et sans condition, la cause du thon rouge aura fait un grand pas vers la victoire.

« Si le vote du Parlement européen n’a qu’une valeur consultative, il met la Commission et les pays membres sur la bonne voie », précise François Chartier. « La Commission comme le Conseil, qui devraient se prononcer avant début mars, doivent prendre note de l’avis des parlementaires. »

Un soutien de plus à l’interdiction de la commercialisation internationale
Depuis quelques semaines, les soutiens à l’interdiction du commerce international se multiplient. Au moins trois sources scientifiques, d’abord, justifient le classement en annexe 1, et ce dès aujourd’hui. Le comité scientifique de l’Iccat, qui gère la pêche au thon, a établi en octobre dernier qu’il ne restait que 15% de la population d’origine, ce qui est, selon ces mêmes scientifiques, un critère objectif de classement en annexe 1. Cet avis a été confirmé par la majorité des experts d’un panel de la FAO (Organisations des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation), en décembre 2009, sans qu’il y’ait eu consensus sur la question. Enfin, l’Unité scientifique de la Cites elle-même, par la voix de son responsable David Morgan, recommandait en début de semaine un classement en annexe 1. Le soutien de la population et du secteur marchand grandit à l’approche de la Cites : Après des enseignes de la grande distribution et les Relais Châteaux, c’est l’association des Eurotoques, (3800 grands chefs en Europe), qui vient de s’engager à ne plus servir de thon rouge.

La France a-t-elle le sens de l’autocritique ?
La France doit elle aussi entendre cette demande, qui, loin d’émaner uniquement de quelques ONG, est celle de la population française, d’acteurs reconnus du monde scientifique et appuyée par des parlementaires européens : il est nécessaire d’arrêter les dommages causés au thon rouge de Méditerranée, notamment par la pêche industrielle. Greenpeace demande au ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, d’appliquer le principe de précaution, en attendant l’interdiction du commerce international, et de décider d’un moratoire sur cette pêche industrielle. 17 500 personnes ont déjà fait parvenir cette demande au ministre sur www.greenpeace.fr/thon-rouge.