Thon rouge : la survie de l'espèce passe par un arrêt de la pêche industrielle

Océans

Paris, le 7 octobre 2010 – Les travaux du Comité scientifique de l’Iccat, l’organisme international chargé de gérer la pêche du thon rouge, viennent de se terminer à Madrid. Pour les saisons de pêche à venir, les experts de l’Iccat estiment que :
– un maximum de 13 500 tonnes de captures laisserait une probabilité de 63 % à la population de thon rouge de se reconstituer d’ici à 2022 ;
– pour relever à 80 % la probabilité de sauver le thon rouge à horizon 2022, le quota de pêche ne devrait pas dépasser 2 000 tonnes. Cela signifie concrètement que les pêcheurs industriels ne devraient plus capturer de thon rouge dès l’année prochaine.

« On ne peut pas jouer à pile ou face avec la survie d’une espèce comme le thon rouge. L’Iccat doit suivre les recommandations qui permettraient à 80 % la reconstitution du stock de thon rouge, affirme François Chartier, en charge de la campagne Océan à Greenpeace France. L’incapacité des membres de l’Iccat à gérer durablement la pêche au thon rouge et l’immense incertitude qui pèse sur l’état réel de la population de cette espèce devraient amener à la fermeture de la pêche industrielle du thon rouge. »

Qu’attendre de l’Iccat, qui se réunit à Paris en novembre ?
« Les membres de l’Iccat, doivent adopter une réduction drastique des captures, pour donner une chance au thon rouge de ne pas disparaître, ajoute François Chartier. L’Union européenne n’a pas d’autre choix que de demander une réduction des quotas à moins de 6 000 tonnes, pour ne pas être en contradiction avec ses propres règles. Les autres pays doivent suivre cette demande. »

En effet, l’Union européenne, qui détient une très large majorité du quota de thon rouge, s’est fixé comme objectif la reconstitution de tous les stocks de poissons d’ici à 2015 dans le cadre de la politique européenne des pêches. Un objectif qui serait atteint avec un quota global de moins de 6 000 tonnes, selon le Comité scientifique de l’Iccat.

Oui, le thon rouge est toujours en grand danger
Greenpeace rejette fermement les allégations de l’industrie qui veut faire croire que les mesures de gestion adoptées depuis 2006 permettraient à la population de thon rouge de se reconstituer. Ces affirmations sont totalement sans fondement et sont contredites par les travaux du Comité scientifique de l’Iccat.

Les scientifiques ont également identifié six principales zones de reproduction du thon rouge en Méditerranée, qu’il faut protéger en priorité.

« Fermer ces zones à la pêche est la meilleure assurance contre la disparition du thon rouge. Il s’agit d’une espèce menacée. La pêche industrielle doit être fermée et toute allocation de quota doit aller à la pêche artisanale », conclut François Chartier.

La France, qui s’est engagée à tout faire pour assurer la survie du thon rouge et qui est l’hôte de la prochaine conférence de l’Iccat en novembre, a une forte responsabilité : elle doit tout faire pour mettre en œuvre les seules mesures appropriées, la fermeture de la pêche industrielle et la protection des zones de reproduction.