Thon rouge : la France défend un quota de 13 500 tonnes, qui ne laisse que 30% de chance de survie au thon rouge

Océans

Paris, le 10 novembre 2010 – Suite au blocage organisé ce matin par Greenpeace devant le ministère de l’Agriculture et de la Pêche, Bruno Le Maire a reçu les représentants de Greenpeace en sortant du Conseil des ministres. L’entretien se résume en un point : l’arbitrage vient de François Fillon en personne, la France va défendre un quota de pêche global de 13 500 tonnes de thon rouge pour 2011.

Trahison totale de la lettre et de l’esprit des accords de Nagoya

Il y a quelques jours seulement, lors de la Convention internationale sur la biodiversité de Nagoya, la France s’est officiellement engagée, entre autres, à ce que tous les stocks de poissons soient exploités de façon durable d’ici à 2020.

Quelques jours plus tard, la première décision officielle de la France au retour de Nagoya, c’est donc de prôner un quota de pêche au thon rouge de 13 500 tonnes pour 2011. Un chiffre qui est loin de garantir la survie de l’espèce à horizon 2020. La preuve : les scientifiques de l’Iccat estiment qu’un tel quota ne laisse 30 % de chances à une reconstitution du stock de thon rouge d’ici à 2020.

« La position de la France revient à ne laisser que 30% de chance de survie au thon rouge. François Fillon et Nicolas Sarkozy trahissent les engagements français pris à Nagoya en termes de protection des écosystèmes, déclare Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. Ils adressent là un magistral bras d’honneur à la communauté internationale et désavouent Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno. »

Ce qui se cache derrière la position française…

En 2011, même avec un quota de 13 500 tonnes, les pêcheurs français n’auront droit de pêcher que 500 tonnes de thon rouge. Pourquoi ? Parce qu’ils doivent rembourser une dette.

En 2007, les thoniers senneurs ont en effet pêché… 100 % de plus que le quota autorisé : ils avaient droit à 5 000 tonnes et en ont capturé 10 000. Un accord passé à l’Iccat organise le remboursement de cette dette. Ainsi, cette année, sur les 2 500 tonnes de quota alloué à la France, les thoniers n’ont eu droit de pêcher effectivement « que » 2 000 tonnes de poissons, afin de rembourser 500 tonnes. Pour 2011 et 2012, il est prévu qu’ils remboursent 1 500 tonnes par an.

« Le quota de 13 500 tonnes défendu par la France n’est rentable pour la pêche à la senne qu’à une seule condition : l’obtention d’un étalement de la dette, analyse François Chartier, en charge de la campagne Océans de Greenpeace France. Cela ne se fera qu’au détriment de la protection de cette espèce emblématique menacée qu’est le thon rouge. Et, bien sûr, dans le seul intérêt des pêcheurs industriels puissants, principaux responsables de l’effondrement de 75 % du stock ces vingt dernières années. »

Un rapport exclusif révèle que les pratiques illégales se perpétuent…

Greenpeace et WWF publient aujourd’hui un document analysant les rapports rendus par les observateurs de l’Iccat, qui ont embarqué cette année sur les thoniers senneurs. Le résultat est clair : les fraudes se perpétuent, la traçabilité est impossible.

« Malgré les efforts fournis par les pays pêcheurs, la pêche au thon rouge est totalement incontrôlable, conclut François Chartier. Il n’y a qu’une seule solution pour protéger cette espèce menacée : fermer la pêche industrielle. »

Rapport à télécharger (en anglais)

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