Thon rouge : Greenpeace s'interpose pour empêcher le pillage de l'espèce

Océans

Sète, le 12 mai 2010 – Alors que s’ouvre la saison de pêche 2010, entre le 15 mai et le 15 juin, ce matin, à 9h30, Greenpeace s’est interposée sur le port de Frontignan, près du quartier général des thoniers français, pour stopper 3 des bateaux qui s’apprêtaient à partir en mer pêcher les derniers thons rouges de Méditerranée. 14 militants encerclent ces bateaux, parmi ceux qui ont le plus gros quotas de pêche, grâce à 3 embarcations, 4 nageurs et une banderole de 20 mètres demandant aux pêcheurs : « Thon rouge : Liquidation totale avant fermeture ? »

« Nous avons le devoir de tout faire pour empêcher la disparition de cette espèce, dont la survie se joue peut-être cette année, malgré des quotas et une durée de pêche revus à la baisse », déclare Emmanuel Buovolo, de Greenpeace France. « Selon les scientifiques, le nombre de thons rouges adultes s’est effondré de 80 % au cours des vingt dernières années, du fait de l’essor de la pêche industrielle. Qu’attend-on pour fermer cette pêcherie ? Qu’il n’y ait plus de thons dans la mer ? »

Greenpeace demande la fermeture de la pêche industrielle au thon rouge
Greenpeace va se mobiliser dès l’ouverture de la saison de pêche, en mer, pour défendre le thon rouge, espèce emblématique et menacée de disparition. Depuis cinq ans, à chaque saison de pêche, Greenpeace met en oeuvre toute son expertise et son savoir faire pour connaître et surveiller cette pêche industrielle si préjudiciable. Greenpeace demande l’arrêt de la pêche au thon rouge et la création de réserves marines, notamment sur la zone des Baléares où cette espèce se reproduit.

Une espèce menacée par la cupidité d’une poignée d’industriels
17 thoniers senneurs français partiront cette année pour aller pêcher le thon rouge en Méditerranée. Cette pêche est en fait une industrie : des bateaux suréquipés et des avions de repérage traquent les bancs de thons venus d’Atlantique en Méditerranée pour se reproduire. Les industriels capturent les thons à l’aide d’un filet de plusieurs centaines de mètres de long, la senne, avant de les remorquer, vivants, jusqu’aux fermes d’engraissement principalement situées autour de Malte. Là, les thons sont gavés pendant plusieurs mois, pour prendre de la valeur et mieux correspondre aux standards du marché japonais. Ils sont ensuite abattus, congelés et expédiés au Japon, qui consomme 80 % du thon rouge pêché en Méditerranée.

« Il s’agit d’un vrai business. Cette folle course aux profits a conduit des armateurs français à opérer sous des pavillons de complaisance, en particulier libyens, afin d’aller pêcher dans les eaux libyennes », précise Emmanuel Buovolo. « Ils échappent ainsi aux contrôles et peuvent tranquillement dépasser leurs quotas. »

La faillite de la Cites et de la France à sauver le thon rouge
En mars dernier, la Cites a échoué à interdire le commerce international de l’espèce, notamment du fait d’un intense lobby des japonais. En Europe, l’Italie a pris un moratoire sur la pêche industrielle : il n’y aura donc pas de senneurs italiens en Méditerranée. Au contraire, la flotte de senneurs français, parmi les plus importantes en Europe, va continuer le pillage entre le 15 mai et le 15 juin.

« L’appropriation, par quelques uns, de cette espèce au bord de l’extinction est inacceptable », souligne Emmanuel Buovolo. « Greenpeace sera mobilisée à terre et en mer, car 2010 est l’année où cette pêche devra s’arrêter. »