Terminal charbonnier de Cherbourg : La France trahit ses engagements

Climat

Paris, 22 mars 2010 – Le préfet de la Manche, voix du gouvernement dans le département, vient selon nos informations d’autoriser la construction d’un terminal charbonnier sur le port de Cherbourg. Pour la première décision du gouvernement après Copenhague en matière énergétique, le décalage entre les discours de Jean Louis Borloo et ses actes est flagrant.

Un terminal en totale incohérence avec les engagements du gouvernement
En octobre 2007, à l’occasion du Grenelle de l’environnement, le gouvernement a affirmé que les grands projets industriels implantés sur le territoire seraient arbitrés en fonction de leur coût pour le climat. En autorisant la construction d‘un nouveau terminal charbonnier sur le sol français, cent jours après le fiasco de Copenhague et au lendemain des régionales, le gouvernement est en incohérence totale avec ses propres promesses. A quoi bon des engagements nationaux s’ils ne sont pas déclinés à l’échelle locale ? La lutte contre les changements climatiques doit se mener à tous les niveaux, lors de chaque décision relative au système énergétique français.

« En autorisant la construction d’un terminal charbonnier, le gouvernement se rend complice du développement des fossiles en Europe. Jean Louis Borloo se montre incapable de courage politique, sa position oscille entre cynisme et hypocrisie », souligne Anaïz Parfait, chargée de campagne climat à Greenpeace. « Cette décision témoigne de la myopie du gouvernement, qui dicte la politique énergétique française sans vision de long terme. »

Le charbon, matière première du changement climatique
Le terminal charbonnier de Cherbourg permettra de dispatcher le charbon arrivant de Colombie et d’Afrique du Sud vers les centrales thermiques anglaises. Il viendra s’insérer dans la filière la plus nuisible à l’humanité et l’environnement. Le charbon est en effet la principale cause de la crise climatique, il émet plus de CO2 que le pétrole ou le gaz pour la production d’électricité. A lui seul, le charbon est responsable d’un tiers des émissions de CO2 mondiales, et 25% des émissions européennes sont dues aux centrales à charbon implantées en Europe. Le trafic annuel sur le terminal atteindra 4 à 5 millions de tonnes de charbon à terme, ce qui représente l’équivalent de 10 à 11 millions de tonnes de CO2, une fois brûlé dans les centrales.

Peut-on se passer du charbon ?
Aujourd’hui, il est indispensable de cesser tout développement de la filière charbon. Si l’on n’inverse pas la tendance, l’augmentation globale des températures risque d’atteindre jusqu’à 6°C à la fin du siècle, alors qu’on sait qu’au-delà de 2°C, les effets des changements climatiques seront catastrophiques et irréversibles. Le scénario énergétique alternatif publié par Greenpeace et l’EREC (Conseil européen des énergies renouvelables. Télécharger le rapport (en anglais)) démontre qu’il est à la fois nécessaire et possible d’abandonner les combustibles fossiles et le nucléaire en même temps. La moitié de la demande totale en énergie en Europe et plus de 70 % de l’électricité pourraient être couverts par les sources d’énergies renouvelables d’ici à 2050, nous fournissant une énergie propre, rentable et sûre.

« Pour atteindre les réductions d’émissions nécessaires, le développement de la filière charbon doit s’arrêter dès aujourd’hui » confirme Anaïz Parfait. « Si l’on veut donner sa chance au climat, le terminal charbonnier de Cherbourg, qui va à contresens de l’histoire, n’a aucun avenir ! A quand des décisions en accord avec vos paroles, M. Borloo ? »