Terminal charbonnier de Cherbourg : enterrement de première classe pour le Grenelle de l'environnement

Climat

Paris, le 3 mai 2010 – Alors que commencera demain mardi 4 mai, l’examen du projet de loi Grenelle 2 à l’Assemblée nationale, ce matin, à 6h30, 13 militants de Greenpeace ont recouvert une partie du site du terminal charbonnier de Cherbourg d’une banderole géante avec le message « Ci-gît le Grenelle ». D’autres, habillés en croque-morts, portaient un cercueil, symbolisant l’enterrement du Grenelle. Le terminal charbonnier est en effet le symbole de l’incohérence totale du gouvernement.

« Autoriser la construction de ce terminal charbonnier a été la première décision post-Copenhague prise par la France en matière de politique énergétique, déclare Anaïz Parfait, de la campagne Climat de Greenpeace. En se rendant complice du développement des fossiles en Europe, le gouvernement trahit ses propres engagements et montre son incapacité à adopter une vision d’avenir en matière énergétique. »

« Qu’ils paraissent loin, les beaux engagements et l’esprit du Grenelle d’octobre 2007 !, déclare Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. Progressivement vidé de son contenu et délavé, le processus est mort et enterré. »

À lire : le bilan de la politique environnementale à la veille de l’examen parlementaire du projet de loi Grenelle 2 dans notre Espace Presse.

Entre discours de façade et trahison du Grenelle
La France s’est engagée à atteindre d’ici à 2020 23 % d’énergies renouvelables dans la production nationale d’énergie et à réduire de 20 % la consommation d’énergie. Le Grenelle devait nous faire changer d’époque, être le pont vers une nécessaire révolution énergétique. Aujourd’hui, le terminal montre à quel point les déclarations du Grenelle ne sont que des mots pour « verdir » l’image du gouvernement.

Le Grenelle en 2010 : « Oui au charbon, non à l’éolien ! »
Alors que l’éolien est nécessaire à l’atteinte des objectifs fixés par son propre gouvernement, Jean Louis Borloo déclarait, lors de la sortie du rapport Ollier : « Sur l’éolien, je ne sais pas à la vérité quelle est la bonne solution, je ne sais pas ». Le ministre n’a pas l’air de savoir non plus qu’en pariant sur l’énergie du XIXe siècle, le charbon, matière première des changements climatiques, il enterre le Grenelle.

Selon le Conseil européen des énergies renouvelables à l’horizon 2050, l’Union européenne pourrait être capable de produire 100 % de son énergie à partir de sources renouvelables. Aujourd’hui, l’éolien constitue 39 % de la nouvelle capacité électrique installée en Europe en 2009.

Recours juridique contre le futur terminal charbonnier de Cherbourg
Le terminal de Cherbourg permettra de distribuer le charbon arrivant de Colombie et d’Afrique du Sud vers les centrales thermiques anglaises. Il viendra s’insérer dans la filière la plus nuisible à l’humanité et l’environnement. Le charbon est la principale cause de la crise climatique. Il est responsable d’un tiers des émissions mondiales de CO2. 25 % des émissions européennes proviennent des centrales à charbon.

« Dans l’arrêté qui autorise la construction du terminal charbonnier, Greenpeace a constaté des insuffisances dans l’information donnée au public et dans les évaluations de ses impacts sur l’environnement, précise Anaïz Parfait. Nous avons donc déposé un recours en justice contre cette autorisation, en vue de la faire annuler. »