Séminaire sur la sûreté nucléaire : opération séduction d'une France has been de l'énergie

Climat

Paris, le 7 juin 2011 – Aujourd’hui, sur invitation de la France, une trentaine de ministres se réunissent à Paris pour discuter « sûreté nucléaire ». Au menu de cette réunion informelle : présentation d’un rapport préliminaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), portant sur la catastrophe de Fukushima (1) et visite des installations nucléaires du Commissariat à l’énergie atomique de Saclay (Yvelines).

« Alors que l’Allemagne décide de se passer de cette énergie et se tourne vers l’avenir, la France ne trouve rien de mieux à faire que de sortir de vieilles recettes pour tenter de séduire le monde avec son nucléaire : un tour à Saclay et un rapport aussi incomplet que partial, regrette Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace. Une nouvelle fois quand il s’agit du nucléaire, c’est l’auto-promotion qui est au rendez-vous, non le dialogue ouvert et l’expertise indépendante. Cette réunion, initiée par Nicolas Sarkozy dans le cadre du G 8, n’est organisée que pour promouvoir l’industrie nucléaire dans un monde post-Fukushima. »

L’Allemagne se tourne vers l’avenir, la France devient has been
Pendant que la France essaie de sauver son industrie de l’atome en organisant des réunions internationales, l’Allemagne présente son plan de sortie du nucléaire. Celui-ci démontre qu’il est possible de passer à un système énergétique moderne et renouvelable tout en émettant moins de CO2 : l’Allemagne annonce une baisse de 40 % des ses émission d’ici à 2020 (par rapport au niveau de 1990) et même une réduction de 95 % d’ici à 2050.

« Le plan allemand vient rétablir la vérité : sortir du nucléaire est une bonne nouvelle aussi pour le climat, commente Sophia Majnoni. L’Allemagne est en train de donner une leçon de politique énergétique à ses voisins européens. La France qui s’entête dans son choix datant des années 1950 fait fausse route et devient aux yeux de la communauté internationale LE pays has been de l’énergie. »

L’AIEA et la France au chevet de l’atome
Greenpeace a commandé au cabinet d’experts britanniques Large & Associates une analyse critique du rapport préliminaire de l’AIEA sur l’accident de Fukushima qui sera étudié lors de la réunion d’aujourd’hui (2).

Ce rapport, aussi incomplet que partiel, ne contient aucune information nouvelle sur les causes et les conséquences de la situation japonaise. Un exemple : concernant le plan proposé par Tepco pour stabiliser la situation dans la centrale de Fukushima, l’AIEA soutient qu’il va permettre aux personnes évacuées de rentrer chez elles et de reprendre une vie normale. Ce que contestent les experts. Selon le cabinet Large & Associates, cette affirmation est « particulièrement optimiste et ne présente pas la moindre justification ». À ce jour, plus de 200 000 personnes ont été évacuées et l’impact des rejets marins sur les populations n’a quasiment pas été évalué. Une large partie des Japonais exposés ont reçu une dose significative et ceux qui continuent d’habiter des zones contaminées courent le risque d’une accumulation de doses qui serait jugée inacceptable en Europe dans une même situation d’urgence.

« L’AIEA et la France poursuivent le même but : vendre du nucléaire, analyse Sophia Majnoni. Quitte, pour le gouvernement français, à aller contre la volonté de sa population ! Dans un sondage paru dimanche dernier, plus de 77% des Français se sont déclarés favorables à une sortie du nucléaire. Il est temps que les politiques se réveillent, entendent les citoyens et s’inspirent de l’exemple allemand. »