[rapport] “L’École bien dans ses murs” - Pour une rénovation écologique du bâti scolaire
Dans le cadre de l’Alliance écologique et sociale (AES), des syndicats et des associations – la FSU, Sud Education, la CGT Educ’Action, Greenpeace France, Oxfam France, Les Amis de la Terre, la Confédération paysanne et Attac – publient aujourd’hui un rapport sur l’urgence de rénover le bâti scolaire.
Températures dépassant les 30°C dans les classes, chauffage défaillant, fenêtres mal isolées, infiltration, défauts d’aération, achat de ventilateurs par le personnel, cours sans végétation… La dégradation des bâtiments scolaires renforce les injustices scolaires, sociales et territoriales, tout en dégradant la santé et les conditions de travail.
L’état des écoles et établissements scolaires français est inadapté aux dérèglements des températures (que ce soit en hiver ou en été) qui s’amplifient à cause du changement climatique. En juin 2025, plus de 80 départements de France métropolitaine ont connu un épisode de canicule qui a particulièrement impacté les établissements scolaires. Plus de 2 200 établissements ont été fermés en juin et juillet, alors même que des centaines de milliers d’élèves et de personnel scolaire étaient mobilisés sur les épreuves du brevet (DNB) et des oraux du baccalauréat.
A travers de nombreux témoignages, des données publiques ainsi que des données syndicales et associatives, ce rapport établit un état des lieux précieux du bâti scolaire et souligne l’urgence absolue de le rénover grâce à des investissements supplémentaires de 5 milliards d’euros.
L’Alliance écologique et sociale y détaille ce que devrait être un véritable plan national de rénovation énergétique et écologique des écoles, collèges, lycées, ateliers, équipements sportifs, internats ou centres d’Information et d’orientation. Des propositions de court terme, trop souvent ignorées, sont également formulées comme un protocole spécifique aux situations météorologiques critiques, jusqu’à la rénovation thermique des bâtiments.
Le gouvernement affiche des objectifs ambitieux en termes de rénovation thermique, or les financements ne sont pas à la hauteur des enjeux :
- Seulement 14 % des établissements scolaires répondent aux normes « bâtiments basse consommation », 86 % du parc devrait donc être rénové.
- 10 % du parc présenteraient un état de vétusté important.
- Aucun dispositif de diagnostic d’adaptation des écoles et établissements scolaires face au changement climatique n’est à ce jour disponible.
- Le bâti scolaire constitue 30 % du patrimoine public avec 63 000 bâtiments pour 157 millions de mètres carrés.
- 1,5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France sont engendrés par les établissements scolaires.
- Les bâtiments scolaires représentaient environ 12 % de la consommation d’énergie du secteur public en France et 82 % des consommations énergétiques des communes de métropole, alors que leur part dans le patrimoine immobilier communal ne dépassait pas 31 %.
- Il faudrait investir a minima 50 milliards d’euros sur 10 ans pour respecter les objectifs de rénovation énergétique du décret tertiaire pour les seules écoles publiques, soit un tiers des recettes de la taxe Zucman, soit un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.
Une enquête inédite lancée par les syndicats auprès des personnels de l’éducation
En parallèle de la publication du rapport, les syndicats FSU, CGT Éduc’action et Sud Éducation rendent public les premiers résultats d’une enquête inédite menée auprès de l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale, du primaire comme du secondaire. L’enquête est toujours ouverte mais près de 9 000 réponses ont déjà été recueillies.
Les premiers chiffres obtenus parlent d’eux-mêmes : plus de 61 % des enseignants déclarent qu’il fait froid dans leur salle de classe, souvent faute d’un chauffage suffisant. Quand la chaleur s’installe, la pénibilité est quasi généralisée : 95 % des répondants disent souffrir des températures trop élevées. En hiver, la majorité (61%) rencontre des problèmes de confort thermique quand il fait froid, certain.es évoquant même 14°C dans les classes (10,4%) et même jusqu’à 13°C (7%). À l’autre extrême, les pointes atteignent fréquemment 30 °C, et 12 % des personnels disent avoir déjà travaillé dans des établissements montant jusqu’à 35 °C.
S’ajoutent à cela des équipements défaillants : près de 40 % signalent des volets ou protections extérieures hors d’usage, et 85 % affirment que leur école ne dispose d’aucun dispositif écologique de régulation de la température.
Notes aux rédactions
Le rapport “L’École bien dans ses murs. Pour une rénovation écologique du bâti scolaire” est disponible sous embargo jusqu’au vendredi 5 septembre ici