Projet d’investissement d’Areva en Grande-Bretagne : l’amour du risque au détriment des citoyens français
Paris, le 9 juillet 2012 – Le samedi 7 juillet, Luc Oursel, PDG d’Areva, a annoncé que son entreprise allait s’allier au chinois CGNPC afin d’investir en Grande-Bretagne dans l’entreprise Horizon Nuclear Power en charge de la construction de deux centrales nucléaires dans le pays.
Construire de nouveaux réacteurs nucléaires : un investissement financier à haut risque
En 2009, le groupe bancaire britannique City group publiait une étude intitulée « New Nuclear – The Economics Say No » dans laquelle il détaillait les risques financiers majeurs pesant sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.
Selon cette étude, seul le soutien massif des autorités publiques permettra de réduire ces risques en les transférant purement et simplement vers la collectivité, à savoir le consommateur ou le contribuable. La réforme du marché de l’électricité en Grande-Bretagne vise d’ailleurs à aller dans ce sens puisque le Gouvernement travaille à établir des contrats de fourniture d’électricité à long terme avec un prix fixe. Autrement dit, le consommateur britannique, en payant plus cher son électricité, va assumer une partie du risque financier qui pèse sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.
Mais étant donné la hausse vertigineuse du coût de construction des nouveaux réacteurs nucléaires, on peut légitimement se demander si ce tarif élevé suffira à compenser le risque financier. D’ailleurs, les allemands Eon et RWE ne s’y sont pas trompés en décidant de se retirer définitivement du marché nucléaire britannique et en abandonnant tout projet de construction de nouveau réacteur nucléaire.
Comment Areva et EDF comptent-elles atténuer ces risques ?
Malgré ce constat, Areva et EDF se positionnent en pointe pour investir des dizaines de milliers d’euros dans le marché nucléaire britannique alors que leur santé financière est chancelante et que leur taux d’endettement est très élevé. Mais il est vrai que nos champions disposent d’outils rassurants pour les banques : assurance publique à l’exportation pour Areva et hausse des prix de l’électricité en France pour EDF.
« EDF et Areva doivent expliquer quels leviers financiers ils prévoient pour investir dans le marché britannique« , déclare Sophia Majnoni, chargée de campagne Nucléaire pour Greenpeace. « Au lieu de se concentrer sur leur mission de service public de fourniture d’une électricité bon marché en France, Areva et EDF s’engagent dans des investissements à risques grâce à l’argent des Français et avec la bénédiction de l’Etat, leur actionnaire principal. »
Principale victime : la transition énergétique en France
EDF et Areva risquent de grever encore davantage leur capacité d’investissement en priorisant non pas la transition énergétique en France mais la production d’électricité nucléaire au Royaume-Uni.
« Ce laisser-faire de l’Etat actionnaire montre son peu de considération pour la transition énergétique en France et son manque de préparation alors même qu’un débat national nous est promis », ajoute Sophia Majnoni. « Des investissements très lourds seront nécessaires pour remplacer les centrales françaises en fin de vie, quelles que soient les solutions de remplacement envisagées. Plus les entreprises françaises prennent des investissements risqués à l’étranger, plus elles mettent en péril les investissements à venir dans le système électrique français. »
« La santé économique de l’Allemagne et le choix effectué par Eon et RWE nous montrent la bonne direction. Il est grand temps que la France cesse de s’entêter dans l’illusion de la filière nucléaire et investisse massivement dans la transition énergétique », conclut-elle.