PPE / SNBC : décryptage de Greenpeace France

Climat, Nucléaire

Emmanuel Macron a annoncé vouloir changer de méthode… alors qu’il faut avant tout changer le fond. Aucun Haut Conseil ne pourra sauver le climat sans changer de cap, ni sans investissements à la hauteur de l’urgence climatique.

Les annonces de ce matin ne doivent pas masquer la réalité : la PPE et la SNBC ne permettent pas de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs fortement émetteurs et d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables. Au contraire, Emmanuel Macron continue d’accorder un soutien aveugle au nucléaire.
A quelques jours de l’ouverture de la COP24 et quelques semaines après la sortie du rapport alarmiste du GIEC, la France choisit de se décrédibiliser sur la scène internationale.

Pour la énième fois, le gouvernement plie devant le lobby du nucléaire. Ce plan incohérent ressemble, ni plus ni moins, au plan d’EDF: jouer la montre et préserver le nucléaire à tout prix. Tout cela en occultant la réalité du parc nucléaire français: vieillissant, mal en point, vérolé d’anomalies, de plus en plus coûteux et de plus en plus dangereux”, souligne Alix Mazounie, chargée de campagne énergie pour Greenpeace France.

L’obsession nucléaire à tout prix
Emmanuel Macron a annoncé la fermeture de 14 réacteurs nucléaires à horizon 2035. Mais cette annonce est tout sauf rassurante. En repoussant l’échéance pour réduire la part du nucléaire à 50% dans le mix électrique à 2035, en refusant de fermer dès ce quinquennat des réacteurs (outre ceux de Fessenheim) et en repoussant les premières fermetures à l’après 2025, la PPE acte – en creux – la prolongation de très nombreux réacteurs au-delà de 40, voire 50 ans.
C’est aussi occulter la question de la faisabilité technique et économique d’un tel programme de prolongation qui coûtera au minimum 100 milliards d’euros selon la Cour de Comptes, alors qu’EDF est déjà lourdement endetté. C’est faire fi de l’augmentation du risque pour les populations lié au vieillissement des réacteurs ainsi que de la production de gros volumes de déchets nucléaires hautement radioactifs dont le stockage pose déjà problème.

En faisant miroiter un programme de nouveaux réacteurs en France, Emmanuel Macron semble confondre rêve et réalité : l’EPR de Flamanville affiche désormais un retard de plus de 7 ans, des défauts de fabrication très graves au coeur même du réacteur, une facture de plus de 10 milliards d’euros et un coût de production deux fois plus élevé que celui des énergies renouvelables.

Des énergies renouvelables menacées par le soutien réaffirmé au nucléaire
Emmanuel Macron ose affirmer qu’il n’y a aucun lien entre part du nucléaire et rythme de développement des énergies renouvelables. Pourtant, la France accuse un sérieux retard en la matière malgré son énorme potentiel. Ce verrou nucléaire n’est pas prêt de sauter : en annonçant la fermeture de seulement 6 à 8 réacteurs d’ici à 2030, il devient plus que difficile d’atteindre l’objectif fixé par la Loi sur la Transition Energétique et réaffirmé par le gouvernement de produire 40% de l’électricité à partir d’énergies renouvelables.

La fermeture des centrales à charbon ne sauvera pas le climat
La France dépasse son budget carbone actuel, et selon les chiffres de la SNBC rendus publics aujourd’hui, va également dépasser le prochain (en 2023). En d’autres termes, la France n’atteindra à aucun moment ses objectifs climatiques sous ce quinquennat. Emmanuel Macron a expliqué qu’en fermant les centrales à charbon, il ferait la moitié du chemin sur le climat. Quand on sait que le charbon représente moins de 2% des émissions de GES en France, c’est un écran de fumée.

La fausse bonne solution des agrocarburants
Alors que le trafic aérien mondial devrait doubler d’ici une dizaine d’année (selon l’OACI), la volonté du gouvernement d’incorporer 50% d’agrocarburants d’ici à 2050 dans les réservoirs des avions est extrêmement préoccupante. En l’état actuel des technologies disponibles et des données économiques, cela provoquerait en effet une explosion de la demande en huile de palme et donc de nouvelles déforestation massives, fortement émettrices, dans les pays producteurs. Pour Greenpeace, l’huile de palme n’a rien à faire dans les transports, il faut au contraire mettre fin aux agrocarburants de 1ère génération (obtenus à partir de cultures alimentaires) le plus vite possible.