Plusieurs organisations teintent de rouge sang le bassin de la fontaine des Innocents à Paris pour dénoncer les massacres en cours à Gaza et exiger une réponse ferme de la France

Paix et justice

Ce matin, Greenpeace France, Oxfam France, Amnesty International France, Médecins du Monde et Ekō ont mené une action symbolique au cœur de la capitale versant plusieurs litres de colorant alimentaire rouge dans le bassin de la fontaine des Innocents, dans le quartier des Halles à Paris. Cette opération vise à dénoncer la lenteur d’action de la France face à l’urgence humanitaire absolue dans laquelle se trouve la population de Gaza aujourd’hui.

Plusieurs activistes ont déployé des banderoles « GAZA : STOP AU BAIN DE SANG »,
« MACRON DOIT (ENFIN) AGIR » et « CESSEZ-LE-FEU » en soutien à la population gazaouie.


© Robin Jehl / Greenpeace

Photos et vidéos à télécharger ici.

« L’ampleur des souffrances humaines à Gaza au cours des 20 derniers mois est inimaginable. C’est une conséquence directe du génocide perpétré actuellement par Israel. Hormis un bref répit pendant la trêve provisoire, Israel s’est acharné à transformer Gaza en un enfer de mort et de destruction. Les Etats qui ont de l’influence sur Israël doivent agir maintenant : faire pression pour un cessez-le-feu immédiat et durable, mettre en œuvre un embargo complet sur les armes, soutenir les procédures judiciaires en cours y compris en coopérant avec la CPI et en mettant en œuvre les décisions de la Cour internationale de justice. Enfin, la France doit œuvrer pour obtenir la révision de l’accord d’association Union européenne-Israël. On ne peut plus attendre ! Il faut mettre fin au génocide, l’inaction tue », déclare Anne Savinel-Barras, présidente d’Amnesty International France.

« La France ne peut pas se limiter à de simples condamnations verbales. Emmanuel Macron doit faire preuve de fermeté et s’assurer du soutien de la communauté internationale pour que cesse le blocus illégal de la bande de Gaza. S’ajoutant à une campagne de bombardements indiscriminée qui s’intensifie, le blocus illégal mis en place par Israël début mars affame la population de Gaza, la prive d’eau, de médicaments et de fournitures essentielles. À Gaza, la faim et la limitation de l’accès à l’eau sont utilisées comme arme de guerre, ce qui constitue un crime de guerre. La souffrance infligée à la population est insoutenable. Cela ne peut plus durer ! », déclare Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France.

« Quand 48 palettes Médecins du Monde remplies de médicaments et d’équipements médicaux demeurent bloquées aux frontières d’un territoire assiégé, où chaque jour menace de devenir le dernier pour des millions de civils, et que la faim elle-même est utilisée comme arme de guerre, nous ne parlons plus d’une crise humanitaire — mais d’un abandon délibéré de la population palestinienne. Ce qui se joue à Gaza est une tragédie orchestrée. Il est plus que temps que les États tiers assument leurs responsabilités et exercent une pression réelle sur Israël pour mettre un terme à ce massacre, avant que la bande de Gaza ne soit réduite au silence par l’anéantissement de sa population », déclare Jean-François Corty, Président de Médecins du Monde.

« L’opinion bascule face au génocide, à l’apartheid et à l’occupation que subissent les Palestinens. Les Français, et en particulier les jeunes, nous montrent la voie. Selon notre récent sondage commandé à YouGov, 66 % des Français ayant exprimé une opinion estiment que la France doit appeler l’UE à suspendre l’accord de libre-échange avec Israël. Emmanuel Macron lui-même a reconnu qu’il fallait accentuer la pression – mais alors que Gaza sombre dans l’indicible, on ne peut pas se contenter de promesses creuses. Il faut des actes concrets et rapides. La suspension de l’accord commercial est une mesure simple mais puissante, qui pourrait contribuer à mettre fin aux massacres et à l’impunité dont bénéficie Israël. Plus de 140 000 personnes ont signé la pétition d’Ekō en ce sens », déclare Nabil Berbour, directeur de campagne chez Ekō.

« Ce à quoi nous assistons n’est pas seulement un échec politique, c’est un échec moral. Si la communauté internationale continue à rester les bras croisés sans prendre de mesures concrètes alors que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité s’accumulent, elle devra répondre de son aide et de sa complicité dans un génocide. Nous demandons à Emmanuel Macron qu’il agisse avec courage, clarté et détermination pour mettre un terme à ce bain de sang. Nous demandons également au gouvernement de renoncer à la dissolution d’Urgence Palestine, une décision liberticide et politique, alors que cette organisation oeuvre pour les droits de la population palestinienne et la paix en Palestine », déclare Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.


Les demandes des associations :

  • un cessez-le-feu immédiat, définitif et durable ;
  • la fin du blocus illégal afin de permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire et sa distribution en toute sécurité dans l’ensemble de la bande de Gaza ;
  • la facilitation du travail d’assistance à la population de Gaza des agences des Nations unies et des organisations humanitaires, la proposition israélienne de créer des hubs militarisés en remplacement du système existant de distribution de l’aide est inacceptable et contraire aux principes du droit international humanitaire ;
  • la libération immédiate et sans conditions de tous les otages et de tous les prisonniers palestiniens ;
  • l’adoption d’un embargo sur les armes à destination d’Israël.

 

Notes aux rédactions :

Gaza reste soumise à un siège quasi total imposé par Israël. Depuis 19 mois, la population de Gaza subit des bombardements incessants, qui ont déjà causé près de 53 000 morts, majoritairement des civils, mais également des déplacements forcés. 2 millions de personnes sont au bord de la famine et 470 000 sont déjà au plus haut niveau de crise de la faim, selon la dernière analyse de la phase de classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC). 65 000 enfants sont hospitalisés pour malnutrition sévère.

Après plus de 12 semaines de fermeture totale et sous la pression de la communauté internationale, les autorités israéliennes ont décidé, à partir du 21 mai, d’ouvrir le point de passage de Kerem Shalom pour permettre à l’aide humanitaire d’entrer au compte-gouttes dans la bande de Gaza. Depuis lors, environ 90 à 120 camions par jour sont entrés à Gaza, soit à peine 15 à 20 % des 600 camions qui passaient quotidiennement pendant le cessez-le-feu, et bien moins que la moyenne d’avant-guerre. Israël n’autorise actuellement que l’entrée de produits nutritionnels, de certains ingrédients alimentaires de base et de certaines fournitures médicales. C’est d’abord l’assistance des agences de l’ONU qui est privilégiée. Le carburant, le gaz de cuisine, les aliments frais, les produits d’hygiène, les produits chimiques de purification de l’eau, les matériaux de construction et de réparation restent interdits d’entrée, et ce depuis maintenant plus de 80 jours. Ce volume limité est loin d’être suffisant pour répondre à l’ampleur et à l’étendue des besoins des 2,1 millions d’habitants de Gaza.

Le point de passage de Rafah est toujours fermé après la prise de la zone par Israël et le refus de l’Égypte de le rouvrir en l’absence d’une autorité palestinienne opérationnelle du côté de Gaza, ce qui coupe une artère humanitaire essentielle.

Oxfam :
A Gaza, Oxfam soutient les personnes confrontées à la famine, aux bombardements incessants, aux déplacements massifs et à l’effondrement des services essentiels, y compris l’accès à l’eau potable. Les réserves d’Oxfam à Gaza ont été décimées. Le dernier colis alimentaire a été livré le 20 avril, mais Oxfam continue à acheminer de l’eau potable, à soutenir les jardins potagers et la production alimentaire à petite échelle, et à fournir des services d’assainissement, une aide juridique et une protection contre la violence sexiste et un soutien psychosocial professionnel, en particulier aux enfants. Oxfam dispose d’entrepôts en Jordanie à la frontière de Gaza remplis de fournitures vitales qui attendent dans des camions, prêtes à être acheminées.

Médecins du Monde :
Médecins du Monde est présente à Gaza avec une équipe d’une centaine de personnes opérant sur six cliniques offrant des soins de santé primaire comprenant des consultations généralistes, des soins de santé sexuelle et reproductive, vaccination, santé mentale, malnutrition, etc. Les cliniques accueillent entre 1 400 et 1 600 patients par jour, soit environ 42 000 consultations mensuelles.

Ekō :
Un sondage YouGov pour Ekō, mené en France les 14 et 15 mai, montre que 66 % des personnes exprimant une opinion soutiennent la suspension de l’accord UE-Israël pour des raisons liées aux droits humains. Ce chiffre confirme une tendance européenne observée en juin 2024 (61 %). Plus de 140 000 personnes ont signé la pétition d’Ekō en ce sens.
Ekō est un mouvement mondial qui agit pour une économie juste et durable. Il rassemble consommateurs, investisseurs et travailleurs pour faire pression sur les multinationales.

Contact presse chez YouGov concernant le sondage réalisé pour Ekō : Antoine Schauli (Client Engagement Executive antoine.schauli@yougov.com et Chansouda Duangphrachanh (Senior Research Executive c.duangphrachanh@yougov.com / +33 (0) 184172518)

Amnesty International France :
Le 5 décembre 2024, Amnesty International a publié un rapport intitulé « On a l’impression d’être des sous-humains ». Le génocide des Palestiniens et Palestiniennes commis par Israël à Gaza. Aujourd’hui, le génocide continue. En effet, en entravant l’acheminement de l’aide humanitaire, Israël poursuit sa politique qui consiste à imposer délibérément aux Palestinien·ne·s de Gaza des conditions de vie en vue de leur destruction physique, ce qui constitue un acte de génocide.

Greenpeace :
La promotion de la paix fait partie intégrante des missions sociales de Greenpeace. Depuis le 7 octobre, Greenpeace a multiplié les appels au cessez-le-feu, au respect du droit international, à l’embargo sur les ventes et transferts d’armes et a dénoncé le génocide en cours. Plusieurs bureaux de Greenpeace se sont mobilisés en soutien à la population gazaouie et ont dénoncé les ventes d’armes à Israël. Voir la déclaration de Greenpeace Israël en février 2025 et les images de Greenpeace Espagne en janvier 2024 et mai 2025, Greenpeace UK en avril 2025, Greenpeace Moyen Orient et Afrique du Nord en juillet 2024, Greenpeace Indonésie en nov 2023.