Pétrole : Greenpeace s’oppose à Shell et dénonce la ruée vers les dernières gouttes d’or noir

Climat

Paris, le 23 février 2012 – Ce soir, au large de la Nouvelle-Zélande, des militants de Greenpeace ont stoppé un des bateaux de forage affrété par Shell, destiné à aller chercher du pétrole en profondeur au large de l’Alaska, en Arctique, une des dernières zones intactes de la planète. Les militants de Greenpeace ont escaladé la tour de forage du bateau. Ils ont assez de vivres pour rester plusieurs jours en place.

« L’Arctique fond du fait des dérèglements climatiques. La banquise a perdu 30 % de sa surface sur les trente dernières années, rappelle Anne Valette, chargée de campagne climat à Greenpeace France. Et que font les pétroliers ? Au lieu de prendre au sérieux ce signal d’alarme, ils ne pensent qu’à se jeter sur les dernières réserves de pétrole, jusque là stockées sous la glace. »

Protéger l’Arctique, une nécessité pour tous
L’exploitation du pétrole de l’Arctique, particulièrement chère et risquée, serait une catastrophe à plusieurs titres. D’abord, du fait des conditions climatiques extrêmes, une marée noire est beaucoup plus probable en Arctique que partout ailleurs, et serait quasiment impossible à contenir et à nettoyer. Par ailleurs, pour le climat, exploiter les réserves offshore extractibles de l’Arctique émettrait 27 milliards de tonnes de CO2, soit un volume comparable à ce qu’émettent chaque année l’ensemble des pays de la planète. De plus, la tendance à la fonte de l’Arctique s’aggraverait encore, et la banquise pourrait, dès 2030, disparaître l’été. Or, la banquise joue un rôle régulateur en formant une couche de protection réfléchissante sur l’océan. Lorsqu’elle fond, les eaux profondes absorbent plus de chaleur, ce qui a pour effet de réchauffer l’océan et d’accélérer encore les changements climatiques.

« L’exploitation de ce pétrole n’est absolument pas une solution : on recule pour mieux sauter. Les réserves de pétrole en Arctique correspondent à trois ans seulement de notre consommation actuelle, continue Anne Valette. Quand nous aurons ruiné cet écosystème fragile, unique et encore intact, le problème de la fin de nos ressources en pétrole se posera de la même façon ! »

Le pétrole non conventionnel, ni en France, ni ailleurs !
La folle ruée vers l’or noir se joue aussi en France, que ce soit au large de la Guyane, dans le bassin parisien pour les pétroles de schiste, ou pour l’exploration de forages profonds en Méditerranée. Le gouvernement étudie en ce moment même le renouvellement d’un permis d’exploration sur une zone qui commence à une vingtaine de kilomètres au large de Marseille. Il doit rendre publique sa décision avant le 11 avril.

« De plus, aujourd’hui, la France n’a pas soutenu la mise en œuvre de la « Fuel quality directive », une loi européenne qui interdirait l’importation en Europe du pétrole issu de sables bitumineux » explique Anne Valette. Ce qui revient à encourager l’exploitation des sables bitumineux. Si ces pétroles non conventionnels ne sont pas acceptables en France, ils ne sont acceptables nulle part ailleurs. »

Qu’en disent les candidats à la présidentielle ?
Des scénarios alternatifs à ces énergies sales existent. Greenpeace demande un positionnement clair des candidats à la présidentielle contre les projets d’exploitation de pétrole non conventionnel, en France et ailleurs.