Nucléaire : la France, pays "has been" de l’énergie, accueille un transport de déchets hautement radioactifs

Climat

Paris, le 7 juin 2011 16h40 – Ce matin, un train contenant des déchets nucléaires a quitté la Hollande pour rejoindre l’usine Areva de La Hague (Manche). Greenpeace a déjà bloqué quatre fois le convoi*, deux fois aux Pays-Bas et deux fois en Belgique. Le train vient de passer la frontière belge et d’entrer en France.

« L’industrie nucléaire montre aujourd’hui ses deux visages. D’un côté, la belle image, avec une réunion internationale rassemblant à Paris des ministres d’une trentaine de pays, venus discuter « sûreté nucléaire » et visiter le Commissariat à l’énergie atomique de Saclay. Et de l’autre, l’envers du décor : un transport de matières radioactives dangereuses qui transite dans le secret et traverse des zones très peuplées. Ce convoi va passer notamment par Lille et arriver à Paris, où il va circuler sur les voies de RER« , déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire pour Greenpeace. « Le choix du nucléaire pour la France signifie qu’on est obligé d’accueillir les déchets d’autres pays. À l’heure où nos voisins Allemands s’engagent dans un système énergétique moderne, la France, elle, collecte les rebus nucléaires des autres pays. C’est ce qu’on appelle être has been. »

La France régresse…

Ces transports de déchets étaient interdits depuis décembre 2005 suite à une action juridique de Greenpeace pour importation et stockage illégal de déchets nucléaires étrangers sur le sol français. En juin 2006, le Parlement français se permettait d’adapter la loi sur les déchets nucléaires pour tenter de « légaliser » ces importations. Afin d’être conforme à cette loi, un nouvel accord franco-hollandais a été signé en 2010. Après discussions administratives, ce transport, à l’origine planifié en décembre 2005, a finalement été affrété aujourd’hui.

« Ces transports sont le symbole de l’attitude française sur le nucléaire : peu importe les lois, les risques, les réalités économiques, l’avis de la population, l’atome de France doit briller« , commente Yannick Rousselet. « Fukushima n’a rien changé, l’arrogance française sur le nucléaire s’est même accrue. En s’entêtant dans ce choix du siècle dernier, nos gouvernants font prendre un énorme retard à la politique énergétique de notre pays. »

Une nouvelle réunion internationale inutile

Ce matin, à Paris, en conférence de presse, la trentaine de ministres présents dans les locaux de l’OCDE pour parler « sûreté nucléaire » ont annoncé la mise en place de stress-tests internationaux sur les installations nucléaires. Les modalités n’ont pas été précisées.

« Cette annonce est une tarte à la crème« , poursuit Yannick Rousselet. « Que vont faire les pays qui, comme la Russie, ont déjà fait leurs propres tests ? Est-ce que ces tests vont être au niveau des tests allemands ou vont-ils être aussi incomplet que les tests paneuropéens ? Le lobby nucléaire fait de l’image mais Fukushima nous a douloureusement démontré que, quelles que soient les règles adoptées, le nucléaire sûr n’existe pas. Contrairement à la France, L’Allemagne l’a compris, c’est pour cette raison qu’elle décide de se passer de cette énergie. »

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