Nucléaire : à Paris, Greenpeace dénonce la BNP, banque championne du nucléaire dangereux

Climat

Paris, 10 décembre 2010 – Samedi matin, devant une agence parisienne de la BNP, les militants de Greenpeace manifesteront contre la construction de deux EPR en zone sismique à Jaitapur, en Inde. L’accord cadre pour ces deux réacteurs a été signé en début de semaine, lors du déplacement présidentiel, et sera financé par la BNP.

La BNP, chef de file du financement de ce projet

Suite à une première action réalisée le 6 décembre (http://bit.ly/e7UGQs) devant le siège de la BNP à Paris et dénonçant la participation de la banque au financement du projet de Jaitapur, Greenpeace a été reçue par des dirigeants de la banque, qui ont fini par confirmer que la BNP sera bien la « banque arrangeuse » sur le projet de Jaitapur. C’est donc elle qui organisera la participation de divers autres établissements bancaires au prêt de plusieurs milliards d’euros qui couvrira 70 % du coût total de la transaction.

Or la BNP, première banque au monde à financer le nucléaire avec plus de 13,5 milliards d’euros de transactions entre 2000 et 2009, agit aujourd’hui complètement à l’aveugle. Comme elle n’aura pas à assumer le risque financier de ce type de projet, puisque c’est l’Etat français qui en garantit le remboursement, la banque n’analyse pas pour le moment les risques industriels liés au projet, puisqu’elle n’en assume pas les conséquences financières.

Le secret bancaire brandi pour maintenir ses clients dans l’ignorance

Sur les montants investis dans ces projets, silence radio : BNP invoque le secret bancaire, qui ne peut être levé qu’avec l’accord du client. Sur les aspects liés à la sûreté, la BNP se veut rassurante, garantissant qu’elle a les moyens de faire évoluer le niveau de la sécurité en Inde en conditionnant la délivrance du prêt. Les représentants de BNP affirment travailler sur une politique de régulation de leurs investissements radioactifs, qui comprendrait notamment des études indépendantes sur les risques industriels. Mais là encore le secret bancaire a bon dos : impossible de connaître le contenu de ces études soi-disant indépendantes, ni leurs résultats. Les clients de BNP devront-ils se contenter de la parole de leur banquier quant à l’impact des projets financés avec leur argent ?

« Rappelons que Jaitapur n’est qu’un exemple de ces projets radioactifs risqués financés par la BNP. Au Brésil, la banque réfléchit au financement d’un réacteur pré-Tchernobyl situé à Angra, à 150 km de Rio, souligne Sophia Majnoni d’Intignano. La BNP se dit responsable, elle ne doit donc pas s’impliquer dans ces projets dangereux. De même, si elle veut paraître un minimum crédible dans sa démarche de transparence, la BNP doit informer ses clients sur l’usage qu’elle fait de leur argent. »

Jaitapur : construire des EPR sur une zone sismique, du jamais vu !

La région de Jaitapur est traversée par trois failles tectoniques. Entre 1990 et 2000, pas moins de 3 séismes se sont produits dans la région, tous d’une magnitude supérieure à 5 sur l’échelle de Richter. La zone de Jaitapur peut, selon la classification indienne officielle, être touchée par des séismes atteignant une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter. Aucun réacteur nucléaire dans le monde n’a encore résisté à un séisme d’une telle ampleur. L’implantation de ces réacteurs privera 10 000 villageois, agriculteurs et pêcheurs, de leurs moyens de subsistance.