L'Europe doit rendre obligatoire l'objectif de réaliser 20 % d'économies d'énergie d'ici à 2020
Paris, le 4 juillet – Invitée à intervenir devant les ministres européens de l’Environnement et de l’Energie, réunis en Conseil informel au Parc de Saint-Cloud, Greenpeace insiste sur la nécessité pour l’Europe de rendre contraignant son objectif d’économiser 20 % de sa consommation d’énergie d’ici à 2020. C’est la solution la plus rapide, la plus rentable et la plus efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, assurer notre sécurité énergétique et répondre aux pressions sur le pouvoir d’achat. C’est aussi la condition sine qua non pour que l’Europe respecte la feuille de route fixée par le « paquet énergie climat ». Pour faire passer ce message, Greenpeace a déployé une banderole réclamant « efficacité énergétique obligatoire » devant la photo de famille des ministres.
> Signez la pétition pour rendre l’efficacité énergétique obligatoire
« Les scientifiques sont clairs : nous avons 100 mois pour agir. 100 mois pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre et enclencher une réduction de ces émissions de 30 % d’ici à 2020, déclare Karine Gavand, responsable de la campagne Climat à Greenpeace France. On ne peut investir partout à la fois. Cessons de perdre du temps avec des technologies chères, polluantes, inutiles et risquées comme le nucléaire, le captage et la séquestration du carbone ou encore les agrocarburants. La priorité des priorités, c’est la réduction de notre consommation d’énergie. »
Au niveau européen, la maîtrise de la consommation est le parent pauvre du paquet « énergie climat ». Pour l’instant, à la différence des objectifs de réduction de 20 % à 30 % des émissions de gaz à effet de serre et de développement de 20 % des renouvelables, la réduction de 20 % de la consommation d’énergie ne revêt aucun caractère obligatoire. Seule une décision du Conseil européen de rendre contraignant cet objectif de 20 % d’efficacité énergétique permettra que l’Europe exploite le formidable gisement des économies d’énergie.
« Le lobby du « produire plus » (Areva, EDF, Suez-GDF, Total, etc.) comme celui du « consommer plus » (Renault, PSA, Volkswagen, etc.) sont puissants, dégradent le climat et plombent le budget des ménages. Les dirigeants européens peuvent changer ça en dotant l’Europe d’un cadre réglementaire contraignant, reprend Karine Gavand. L’énergie la moins chère et la moins polluante reste celle que l’on ne consomme pas : un euro investi dans l’efficacité permet d’économiser 7 fois plus d’énergie qu’un euro investi dans le nucléaire ne permet d’en produire. »
Un exemple simple : les ampoules à incandescence. À l’échelle de l’Union européenne, interdire les ampoules à incandescence au profit des lampes basse consommation permettrait d’éviter l’émission de 32 millions de tonnes de CO2 par an, de fermer 25 centrales électriques de taille moyenne et d’économiser 3 à 5 milliards d’euros. En France, alors qu’il s’agit de l’une des mesures phares du Grenelle de l’environnement, le gouvernement refuse toujours de prendre une telle interdiction. Dommage ! Cette mesure permettrait à la France d’économiser une quantité d’électricité équivalente à ce que devrait produire le réacteur EPR de Flamanville.
Au lendemain de l’annonce par le président Sarkozy du lancement d’un deuxième EPR sur le territoire français, Greenpeace tient à exprimer ses plus vives inquiétudes sur la capacité de la France à mener à bien les négociations européennes sur le paquet « énergie climat ».
« Que penser d’un pays qui prétend sauver le climat mais est incapable de changer ses ampoules, qui choisit d’investir des milliards d’euros dans un réacteur inutile au lieu de développer les renouvelables et les économies d’énergie ? s’interroge Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace France. Nicolas Sarkozy affiche une image caricaturale de la France. Il se disqualifie sur les dossiers climatique et énergétique et prend le risque de diviser l’Union européenne à un moment crucial. »