Les activistes de l’opération "Tapis rouge" condamnés à deux semaines de prison avec sursis

Climat

Paris, le 22 août 2011 – Onze activistes de Greenpeace ont été condamnés par la justice danoise à deux semaines de prison avec sursis, suite à leur participation lors du Sommet de Copenhague à une initiative pacifique pour défendre le climat. Le bureau nordique de Greenpeace a été quant à lui condamné à verser 75 000 couronnes danoises, soit l’équivalent d’environ 10 000 euros.

« Si les dirigeants réunis à Copenhague ont failli à leurs responsabilités de signer un accord digne de ce nom, les onze militants de Greenpeace ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour leur rappeler l’urgence de la situation« , rappelle Karine Gavand, chargée des questions politiques pour Greenpeace France. « L’intrusion dans le palais royal se voulait un appel direct aux dirigeants du monde entier pour les pousser à agir face au dérèglement climatique. La justice danoise ne s’y est pas trompée et a compris qu’il s’agissait là d’un acte de protestation pacifique. Le verdict rendu aujourd’hui montre ainsi que la contestation non-violente est toujours possible« .

Les onze activistes, venus du Danemark, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, de Norvège, d’Espagne, de Suède, de Suisse, de Belgique et des États-Unis ont été déclarés coupables de falsification de documents et de plaques minéralogiques, et d’usurpation d’identité d’un agent de police. Le crime de lèse-majesté n’a en revanche pas été retenu. La cour n’a pas non plus accédé à la demande d’expulsion de six des prévenus étrangers.

Rappel des faits : « Les politiciens parlent, les leaders agissent ! »

Le dernier soir du Sommet sur le Climat de Copenhague, trois activistes de Greenpeace s’étaient fait passer pour un chef d’État, son épouse et leur garde du corps, et avaient été autorisés par les services de sécurité danois à entrer dans l’enceinte du palais de Christiansborg, où se déroulait un dîner organisé par la reine Margrethe II du Danemark. Une fois sur place, ils avaient déployé des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Les politiciens parlent, les leaders agissent ». L’objectif de ce message était d’inciter les dirigeants à prendre des mesures pour lutter contre les changements climatiques. Les trois activistes, ainsi qu’un autre militant de Greenpeace, avaient été arrêtés sur le champ, puis placés en détention provisoire dans un isolement quasi-total, enfermés dans la prison de haute sécurité de Copenhague pendant 20 jours. Les sept autres militants ayant contribué à l’organisation de l’événement faisaient également l’objet de poursuites, ainsi que le bureau nordique de Greenpeace, en tant que personne morale.

L’ombre de Copenhague plane sur le sommet de Durban

Avec ce verdict, la page de Copenhague semble se tourner. Mais si l’inquiétude sur le sort des onze militants a fait place au soulagement, celui-ci risque d’être de courte durée. La prochaine conférence sur le climat se tiendra en effet à la fin de l’année à Durban, en Afrique du Sud. Ces négociations doivent notamment permettre à la communauté internationale de se mettre d’accord sur les suites à donner au protocole de Kyoto, qui s’achèvera en 2012. Pour le moment, l’heure est au pessimisme : la plupart des observateurs estiment que ce rendez-vous ne débouchera sur aucune avancée majeure.

« A Durban, les décideurs politiques devront garder à l’esprit l’échec cuisant de Copenhague, et faire en sorte qu’il ne se reproduise pas. Car de notre côté, nous ne nous déroberons pas si nous devons à nouveau dire à nos dirigeants que les mesures qu’ils prennent pour lutter contre les changements climatiques sont insuffisantes« , souligne Karine Gavand.