Le Japon au bord de la catastrophe nucléaire

Climat

Paris, le 15 mars 2011, 6h30 du matin – Le Japon s’enfonce dans la crise nucléaire depuis cette nuit. Depuis quelques heures, l’emballement est manifeste à la centrale de Fukushima Daiichi (250 km au nord de Tokyo). D’après les informations distillées par les autorités japonaises, la contamination atteint des niveaux importants.

Où en est-on ?

À 9h40 (heure locale), une explosion est survenue dans le réacteur n°2, qui a endommagé le confinement. Puis, suite à une autre explosion d’hydrogène, un incendie s’est déclaré vers midi (heure locale) sur le réacteur 4, qui était l’arrêt au moment du séisme et du tsunami, mais dont le combustible a lui aussi surchauffé.

« Nos pensées vont vers le peuple japonais qui, après un séisme et un tsunami dévastateurs, doit désormais faire face à une situation effroyable, engendrée par les risques inhérents à l’industrie nucléaire« , déclare Sophia Majnoni, de Greenpeace France. « Nous saluons aussi l’héroïsme des ouvriers qui mettent leur santé en danger et font l’impossible pour contenir la catastrophe sur la centrale de Fukushima. »

Une forte radioactivité relâchée dans la centrale

La quantité d’éléments radioactifs qui s’échappent maintenant au niveau de la centrale de Fukushima, située à 250 km au nord de Tokyo, est maintenant très élevée. Selon l’AIEA, jusqu’à 400 millisieverts ont été mesurés sur place. Concrètement, cela signifie qu’un homme qui resterait à cet endroit recevrait en une heure 400 fois la dose annuelle admise pour le public. Tepco, l’électricien qui gère la centrale, a ordonné l’évacuation de tous les ouvriers, sauf une cinquantaine de personnes.
« Pour la première fois elles admettent que les doses relevées constituent un danger la santé humaine. L’exposition aux radiations et aux fuites radioactives va certainement prendre maintenant des proportions importantes« , s’inquiète Sophia Majnoni. « Le Japon est en train de subir, le deuxième pire accident survenu sur du nucléaire civil, après la catastrophe de Tchernobyl. »

Quid des populations alentour ?

Selon les vents et les conditions météo, cette radioactivité peut se disperser au-delà de la zone de 20 km qui a été évacuée, atteindre les populations et contaminer durablement l’environnement. Les autorités japonaises ont demandé aux gens habitant dans un rayon de 20 à 30 km autour de la centrale de se calfeutrer chez eux. Et la radioactivité a légèrement augmenté à Tokyo.

« Les populations risquent d’être exposées à deux risques : les gens peuvent respirer et absorber les radioéléments qui se sont échappés. Ces particules radioactives peuvent aussi retomber à terre à la première pluie, contaminant alors une zone dont il est impossible de prévoir le périmètre aujourd’hui« , détaille Sophia Majnoni.

Greenpeace appelle les autorités françaises à plus de décence

À l’heure lors que le Japon est au bord d’une catastrophe nucléaire, où la Suisse a suspendu ses projets de renouvellement de centrales, où l’Inde a ordonné une vérification de la sécurité de ses réacteurs et l’Allemagne a annoncé un moratoire sur l’allongement de vie de ses centrales, la France fait cocorico !

« Comme beaucoup de Français, nous sommes très choqués par les propos tenus depuis hier par les responsables politiques et industriels français qui font preuve d’arrogance et d’indécence« , déclare Sophia Majnoni. « Depuis dimanche, ils minimisent ce qui se passe sur place, vantent l’infaillibilité du nucléaire à la française et font la promotion de l’EPR d’Areva. Mais que faudra-t-il pour que ces gens se remettent en question ? Comment la France pourrait-elle continuer, comme si de rien n’était, à promouvoir cette énergie comme étant sans risque ?«