Greenpeace occupe une plateforme pétrolière géante dans les îles Shetlands : interdiction des forages profonds maintenant !

Climat

Lewick, Shetlands, Paris, 21 septembre 2010 : Des activistes de Greenpeace occupent un bateau de forage géant ancré à environ 1,5 km des Shetlands, au Royaume-Uni, afin d’empêcher le lancement d’un forage en eaux profondes dans cette zone écologique sensible, frontière avec l’océan Atlantique.

Les activistes de Greenpeace ont utilisé des zodiacs pour atteindre le bateau de forage Stena Carron, long de 228 mètres. Après avoir escaladé la chaîne de l’ancre, Victor Rask, suédois, et Anais Schneider, Allemande, sont désormais suspendus 5 mètres au dessus des vagues dans une tente attachée par des cordes, ce qui rend tout mouvement du bateau impossible.

L’opérateur de cette plateforme mobile géante, le Stena Carron, est le géant américain de l’énergie Chevron. Ce navire est censé se rendre sur un site dans les champs pétroliers du Lavavulin où il doit forer un puits exploratoire à 500 mètres de profondeur. Depuis la catastrophe provoquée par BP dans le golfe du Mexique, de nombreuses voix demandant une interdiction des forages en eaux profondes se font entendre partout dans le monde.

Les deux activistes qui bloquent actuellement ce projet de Chevron, étaient déjà sur le navire Esperanza lorsque 4 activistes de Greenpeace avaient bloqué pendant 48 heures le très controversé forage exploratoire de la compagnie écossaise Cairn Energy dans la région Arctique, plus précisément dans la mer de Baffin, à l’ouest du Groenland.

Anais, activiste de 29 ans, déclarait sur un téléphone satellite ce matin alors qu’elle était déjà accrochée cinq mètres au dessus des eaux : « C’est incroyable d’être suspendue comme ça, à une chaîne d’ancrage, l’anneau auquel je suis suspendu fait ma taille, cette plateforme de forage de Chevron est la chose la plus immense que j’ai jamais vue en mer. Nous allons tenter d’empêcher ce forage le plus longtemps possible. Les îles Shetlands sont un endroit magnifique. Une marée noire comparable à celle du Golfe du Mexique dévasterait la mer du Nord. »

En Norvège cette semaine, les pays bordant la mer du Nord, dont la France, discutent de l’interdiction des forages profonds

Cette occupation arrive deux jours avant la réunion des ministres de l’Environnement des pays bordant la mer du nord, à Bergen, en Norvège sous l’égide de la convention OSPAR (Convention Oslo-Paris ou Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est). Ils doivent y discuter de la proposition allemande d’interdire de nouveaux forages en eaux profondes. Le gouvernement anglais a prévu d’envoyer deux ministres pour bloquer cette proposition. Greenpeace France a appelé Jean-Louis Borloo à soutenir la proposition allemande à cette occasion.

La zone ouest des Shetland abriterait entre 2 et 4 milliards de barils d’équivalent pétrole et gaz. BP opère déjà dans trois zones gazières et pétrolières dans la zone à environ 500 mètres de profondeur. Et le groupe britannique confirme qu’il projette de forer encore plus profond un potentiel champ appelé Cardhu, à quelques kilomètres au sud de celui de Chevron.

« Ces forages ne font que prolonger notre dépendance au pétrole, accélérant par la-même l’emballement climatique. Si nous laissons les groupes pétroliers chercher de nouvelles ressources de pétrole toujours plus profondes et plus risquées, nous allons droit vers d’autres « Golfe du Mexique ». A plus de 500 mètres de profondeur, les interventions en cas d’accident sont très longues et très complexes. C’est pourquoi il faut une interdiction générale des forages en eaux profondes, à commencer par la mer du Nord cette semaine à Bergen » explique Anne Valette, chargée de campagne climat pour Greenpeace France.