François Hollande face au nucléaire: ni changement, ni rassemblement

Climat

Paris, le 17 octobre 2011 : François Hollande sera le candidat du Parti socialiste pour l’élection présidentielle de mai 2012. « Libérez-nous du pétrole et du nucléaire », pouvait-on lire sur une banderole placée par des militants de Greenpeace au dessus du candidat tout juste désigné. Greenpeace s’inquiète des positions défendues par ce dernier sur l’énergie en général, et le nucléaire en particulier. Tout en exprimant sa volonté d’inscrire la France dans la transition énergétique, François Hollande refuse pour l’heure de s’engager réellement pour la sortie du nucléaire. Il se contente d’afficher une réduction à 50% de la part du nucléaire dans l’électricité d’ici à 2025 ; un chiffre qui ne dit rien sur le nombre de réacteurs à fermer d’ici là. Il prétend s’engager sur le même effort que nos voisins allemands sans prendre la décision politique de sortir du nucléaire.

« La position de François Hollande sur le nucléaire divise. Elle fait fi de la majorité des Français, favorable à une sortie, des pays limitrophes comme l’Italie, la Suisse ou l’Allemagne qui refusent le nucléaire, des générations futures qui devront payer le prix fort de nos choix énergétiques d’aujourd’hui. L’option « molle » du candidat socialiste est à l’opposé du « rassemblement » et du changement qu’il prétend promouvoir« , constate Karine Gavand, en charge des questions politiques à Greenpeace France.

Un candidat qui n’a pas compris les enjeux de la transition énergétique

Sur l’avenir énergétique de la France, François Hollande choisit le conservatisme. Le 6 octobre en meeting à Toulouse, le candidat a expliqué que « les socialistes ne sont pas des écologistes », refusant de changer de position sur le nucléaire.

« Ce que François Hollande n’a pas compris, c’est que la sortie du nucléaire n’est pas l’apanage des écologistes. Les sondages montrent qu’elle est souhaitée par une majorité de sympathisants socialistes, ainsi que le Mouvement des jeunes socialistes« , poursuit Karine Gavand, « alors même que François Hollande prétend mettre la jeunesse au cœur de ses préoccupations. La sortie du nucléaire dépasse les enjeux écologique. »

Dans le projet du candidat socialiste, la sortie du nucléaire est perçue comme une contrainte, et non comme une chance pour le pays. Et le risque nucléaire n’existe pas. Son projet le distingue à peine de la ligne défendue par le gouvernement pro-nucléaire actuellement aux manettes. Elle est d’ailleurs étudiée en ce moment même par la Commission Energies 2050 d’Eric Besson, composée de personnalités pro-nucléaires.

Des positions qui manquent de sérieux et de clarté

Pour Greenpeace, la position défendue par François Hollande pose 4 problèmes :

– Elle reste coincée dans le dogme pro-nucléaire.
– Elle ne donne aucune indication sur l’avenir énergétique après 2025, et n’éclaire qu’à court terme les investisseurs, entrepreneurs, chercheurs impliqués dans le domaine.
– Nul ne sait précisément combien de réacteurs François Hollande compte fermer.
– Elle implique la mise en service de l’EPR de Flamanville, le réacteur le plus dangereux jamais construit en France, dont le chantier accumule délais et surcoûts.

Une offre politique en décalage avec l’opinion publique

Pour l’heure, les positions des candidats à la présidentielles, officiels ou présumés, sont le plus souvent en décalage avec l’opinion des Français, qui souhaitent en majorité une sortie du nucléaire. « Entre Jean-Luc Mélenchon qui propose une incertaine consultation citoyenne, François Hollande qui refuse de s’engager sur la sortie du nucléaire, Nicolas Sarkozy qui s’entête dans son obsession nucléaire ou encore François Bayou qui n’en finit pas de réfléchir… rares sont les candidats à l’écoute des Français sur la sortie du nucléaire« , conclut Karine Gavand.