François Hollande et le nucléaire : incompréhensible et contradictoire

Climat

Paris, le 26 janvier 2012 – François Hollande a présenté aujourd’hui son programme présidentiel. Par ailleurs, dans un entretien accordé ce matin au Dauphiné Libéré, il expose des idées différentes. Il y a donc le texte et l’explication de texte… Sur la question de la transition énergétique et de la place du nucléaire en particulier, plus le candidat socialiste précise son programme, plus tout devient confus. Décryptage.

De 75 à 50% d’ici à 2025 : le chiffre sonne bien mais l’équation ne tient pas

C’est l’objectif affiché depuis la campagne des primaires par le candidat socialiste : réduire de 75 à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici à 2025. Mais François Hollande n’a jamais expliqué comment il comptait l’atteindre.

Aujourd’hui, on n’en apprend pas plus, si ce n’est qu’il s’engage à ne fermer que la centrale de Fessenheim. Voilà qui ne suffira pas à réduire à 50 % la place du nucléaire dans le mix électrique ! Quel est donc le plan ? On reste sur notre faim…

« L’équation ne tient pas : pour réduire la part du nucléaire de 25 % à horizon 2025, il faut fermer 2 réacteurs par an dès 2012« , explique Karine Gavand, chargée des questions politiques pour Greenpeace France.

Fermeture de Fessenheim : sur quels critères ?

La décision de ne fermer que Fessenheim est aussi difficile à comprendre. Officiellement, c’est en raison de son implantation en zone sismique et de son âge (c’est la plus ancienne). Concrètement, sa fermeture fait l’objet d’un consensus grandissant. Même l’UMP l’a évoqué, c’est dire…

« La fermeture de cette centrale est justifiée« , poursuit Karine Gavand. » Mais pourquoi alors ne pas fermer aussi celle du Bugey, par exemple, presqu’aussi âgée et elle aussi située en zone sismique ? Et quid de la centrale de Tricastin, qui a déjà plus de trente ans et qui est exposée au risque d’explosion chimique puisque située à proximité d’un site Seveso ? Ou des centrales situées en zones inondables ? Ou encore de Civaux, plus récente mais dotée de la technologie la moins éprouvée ? »

Une « certitude » de circonstance…

Ce matin, dans l’entretien accordé au Dauphiné Libéré, François Hollande l’affirme : il ne fermera « aucune centrale en Rhône-Alpes », région fortement nucléarisée.

« Point de hasard à cette révélation faite dans la presse régionale à la veille d’une visite en Isère« , reprend Karine Gavand. « François Hollande compte-t-il rassurer les barons locaux et le lobby nucléaire à chacun de ses déplacements en région ? Que dira-t-il s’il va comme prévu à Cherbourg dans les jours ou semaines à venir ? »

Décision vers… 2020-2023 : un engagement qui n’engage à rien

Dans l’interview du Dauphiné Libéré, François Hollande reporte aussi à 2020-2023 les décisions à prendre pour les centrales qui seront alors en fin de vie. Un engagement qui n’engage véritablement à rien, dans la mesure où personne ne sait qui sera aux manettes à cette période, et qui témoigne d’une vision de court terme très problématique concernant la politique énergétique.

Les questions que David Pujadas devrait poser ce soir à François Hollande

  • Qu’est ce qui distingue le programme du candidat Hollande de la vision défendue aujourd’hui par l’UMP de l’avenir énergétique de la France ?
  • Comment atteindre l’objectif de réduction de 25 % d’ici à 2025 en ne fermant que deux réacteurs durant le quinquennat ?
  • Sur quels critères justifie-t-il de ne fermer aucune centrale en Rhône-Alpes ?