Forage pétrolier en Arctique : un juge hollandais demande à Cairn Energy son plan en cas de marée noire
Paris, le 6 juin 2011 – Greenpeace est à nouveau passé à l’action ce week-end contre la plateforme de forage géante Leiv Eirikson, que la compagnie Cairn Energy compte utiliser pour faire des forages exploratoires dans l’Arctique. Samedi 4 juin, 18 militants, partis en zodiac de l’Esperanza, le navire de Greenpeace, ont investi la plateforme, à la recherche du plan d’urgence en cas de marée noire, que l’entreprise refuse de communiquer. Arrêtés, ces 18 militants sont en détention à Nuuk au Groenland.
Cairn veut bâillonner Greenpeace, le juge surprend et réclame de la transparence
Cairn Energy a riposté sur le terrain juridique et financier. L’entreprise a porté plainte contre Greenpeace aux Pays-Bas, où sont basées Greenpeace International et la flotte de Greenpeace. Et Cairn réclame une injonction, c’est-à-dire que l’organisation soit frappée d’une amende de 2 millions d’euros pour chaque jour où elle mènerait une nouvelle action ou entraverait les futurs forages. Une audience avait lieu cette après-midi au tribunal d’Amsterdam. Et le juge a demandé à Cairn Energy de publier leur plan d’urgence en cas de marée noire, ce que Greenpeace réclame depuis des semaines. Le verdict quant à la demande d’injonction sera rendu mercredi.
« Nous demandons à Cairn Energy de la transparence et ils veulent nous faire taire. Mais ils n’empêcheront pas le public de savoir à quel point leur prospection pétrolière dans l’Arctique est dangereuse pour l’environnement et le climat, explique Anne Valette, chargée de campagne Energie pour Greenpeace France. La justice hollandaise, elle, a reconnu la légitimité de notre campagne en demandant des comptes à Cairn. »
Pas de « plan d’urgence » en cas de marée noire ? Greenpeace porte plainte
De son coté, Greenpeace a déposé hier matin une plainte officielle auprès du Parlement du Groenland pour ne pas avoir eu accès à ce plan de réponse en cas de marée noire. Celui-ci est jusqu’à présent gardé secret par les autorités et par Cairn Energy. Sur 17 documents auxquels Greenpeace aurait du légalement avoir accès, le bureau des Mines et du pétrole du Groenland n’a rendu public que deux documents.
« Il est impossible de savoir si Cairn possède réellement un plan d’urgence et dans quelle mesure sa responsabilité financière est engagée en cas de marée noire », explique Anne Valette
Une catastrophe pire que celle du golfe du Mexique
Au mépris de toutes les règles qui doivent s’appliquer aux industriels, Cairn refuse de publier ces plans car il lui est impossible de démontrer qu’il peut faire face à une catastrophe pétrolière en Arctique. Les conditions climatiques y rendent toute opération de nettoyage impossible pendant 10 mois sur douze, à cause des glaces.
« Même le plus ambitieux des plans d’urgence ne pourrait réparer les dégâts que causerait une marée noire en Arctique, explique Anne Valette. Cette exploration ne doit pas avoir lieu. De nombreux groupes pétroliers sont sur les rangs pour exploiter les réserves de cette région et chercher un pétrole toujours plus profond et risqué. »
Deux semaines d’action dans les eaux glacées de l’Arctique : rappel des faits
Depuis plus de deux semaines, Greenpeace a tout fait pour empêcher la compagnie écossaise Cairn Energy de procéder à des forages exploratoires dans l’Arctique, à l’ouest du Groenland. Ces opérations pourraient ouvrir la voie à une ruée vers l’or noir dans une région extrêmement sensible écologiquement. Depuis son départ de Mer noire, les deux navires de Greenpeace l’Esperanza et l’Arctic Sunrise ont suivi la plateforme de forage géante Leiv Eirikson de 53 000 tonnes, escortée par un navire de guerre de la marine danoise. Le dimanche 29 mai, à 180 kilomètres des côtes groenlandaises, deux activistes ont escaladé la plateforme et s’y sont accrochés dans une tente de survie à 30 mètres au dessus des vagues. Ils ont ainsi bloqué tout forage pendant 4 jours avant d’être délogés puis arrêtés.