‘facenuke’ : le réseau social du nucléaire français
Paris, vendredi 13 avril 2012 – A neuf jours du premier tour de la présidentielle et alors que l’énergie nucléaire est un élément de clivage entre les candidats, Greenpeace publie ‘facenuke’. Cet outil en ligne interactif donne à voir une cartographie des femmes, des hommes et des organisations, le réseau social qui fait la politique énergétique de la France. Areva, CEA, EDF, Sauvons le climat, la Sfen, le corps des Mines, l’UMP, le PS, les grands patrons, les femmes et hommes de l’ombre, les passerelles entre politique et industrie, les chercheurs, etc. : tous sont au cœur du système ‘facenuke’.
Un système autonome, qui se forme, se reproduit et se défend
‘facenuke’, c’est une cartographie dans laquelle l’internaute est libre de naviguer et d’explorer à sa guise la galaxie du nucléaire (voir « en savoir plus « ). La conception de cet outil est partie de la liste des membres des organes de décision des grands groupes industriels (conseils d’administration, de surveillance, comités de direction). Ensuite, les interconnexions de chaque personne ont été étudiées avant d’être cartographiées par un logiciel et des outils mathématiques.
‘facenuke’ donne à voir une sorte d’État dans l’État, qui décide de la politique énergétique de la France depuis 40 ans. C’est un univers d’experts et de technocrates dans lequel il est possible de faire carrière de 18 à 77 ans : des grandes écoles aux associations de défense du nucléaire, en passant par les postes clés dans les grands groupes énergétiques, les centres de recherche ou encore les cabinets ministériels.
Pourquoi rien ne change depuis 40 ans
La visualisation de ce système explique l’inertie de la politique énergétique française. Centré autour de l’industrie, entouré d’élus, d’associations chargées de promouvoir l’énergie nucléaire, de former la relève et de recaser les anciens cadres, il a fonctionné jusqu’à aujourd’hui quelle que soit la majorité politique au pouvoir. Sans surprise, dans un sondage récent réalisé par CSA pour Greenpeace, 84 % des Français ne s’estimaient pas suffisamment consultés sur les choix énergétiques.
« Le Président et candidat Nicolas Sarkozy a beau jeu de vanter le consensus français vieux de 40 ans sur le nucléaire. Il se limite à un consensus entre les deux partis de gouvernement et les réseaux rendus visibles dans ‘facenuke’« , commente Karine Gavand, chargée des questions politiques chez Greenpeace. « Le citoyen a été systématiquement tenu à l’écart des décisions énergétiques depuis les années 1970. Et aujourd’hui, il refuse de laisser les rênes aux seuls prétendus experts. »
Une impulsion politique pour faire sauter le verrou du nucléaire
S’il n’est qu’un maillon de la chaîne, le pouvoir politique occupe une place importante dans ‘facenuke’, car c’est lui qui est à même de réorienter la politique énergétique. C’est aussi le président de la République qui nomme des acteurs clefs de la filière.
« L’inertie et l’entêtement de la France dans son obsession nucléaire est le produit des femmes et des hommes de ‘facenuke’, unis par leur intérêt commun de maintenir et prolonger leur monopole. Pourtant tôt ou tard, il faudra fermer les centrales françaises vieillissantes, et il sera impossible de les remplacer par des EPR, » conclut Karine Gavand. « Amorcer la transition énergétique, par une décision de sortie du nucléaire et la fermeture progressive des centrales nucléaires, est la seule attitude responsable pour le prochain Président. C’est ce que font nos voisins européens. C’est précisément la décision politique allemande de sortir du nucléaire qui a amené les industriels de l’énergie, comme Siemens, E.ON ou RWE, mais aussi le secteur de la recherche à se réorienter massivement vers les renouvelables et les économies d’énergie. «