Exportations de déchets nucléaires : Greenpeace alerte les participants de la Transat Jacques Vabre et le grand public

Climat

Le Havre, le 8 novembre 2009 – Vers 13 heures dimanche 8 novembre, au Havre, juste avant le départ de la Transat Jacques Vabre, deux zodiacs de Greenpeace sont venus saluer le public et les bateaux de course alignés pour le départ, et rappeler, au moyen d’une banderole, que « Du Havre partent aussi des déchets nucléaires ».

Cette sortie des zodiacs de Greenpeace a eu lieu alors qu’un navire, le Kholmogory, était attendu au Havre. En raison des mauvaises conditions météo, l’arrivée de ce navire, attendu pour le 8 novembre au soir, a été décalée au 10 au matin. Selon Greenpeace, il est très probable que le Kholmogory reparte du Havre pour la Russie le 10 ou le 11 novembre avec, à son bord, une cargaison de matières nucléaires.

« L’opacité sur le devenir des matières nucléaires expédiées en Russie par Areva fait scandale depuis des semaines, explique Yannick Rousselet, de Greenpeace France. Nous avons demandé à Jean-Louis Borloo de prendre un moratoire sur ces exportations, le temps qu’aboutissent ces investigations qu’il a commanditées. Mais le ministre fait la sourde oreille et refuse d’appliquer le principe de précaution. »

Greenpeace mobilisée depuis deux semaines
De fait, Greenpeace a réussi à imposer ce moratoire. L’organisation est depuis deux semaines fortement mobilisée au Havre, mais aussi sur Cherbourg où avaient été déroutés deux navires qui, comme le Kholmogory, étaient susceptibles d’embraquer des cargaisons de déchets nucléaires à destination de la Russie. L’Arctic Sunrise, le brise-glace de Greenpeace, est ainsi posté à l’entrée du port du Havre (quai Pierre Callet, hangar n°12, zone ouest du port), depuis mardi 27 octobre. Aucune exportation de matières radioactives n’a eu lieu depuis l’arrivée de l’Arctic Sunrise.

Sur son site www.greenpeace.fr, Greenpeace appelle aussi les citoyens à envoyer un email à Jean-Louis Borloo pour lui réclamer ce moratoire immédiat.

Matières nucléaires : opacité totale, scandales en série…
Le stockage de déchets radioactifs en Russie, la découverte de dizaines de kilos de plutonium « oubliés » sur le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône) défraient la chronique. Jean-Louis Borloo a saisi le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire (HCTISN), qui s’est réuni le 19 octobre. Ce Haut comité a demandé l’inventaire global des matières et déchets produits dans le cycle du combustible nucléaire. Il a ouvert une enquête et va notamment auditionner les industriels jeudi 12 novembre.

Trafic de déchets et EPR : en France, le nucléaire bafoue la démocratie
Fait historique : lundi 2 novembre, les Autorités de sûreté nucléaires britannique, finlandaise et française ont conjointement fait part d’un très grave problème de sûreté lié à la conception du réacteur EPR. L’ASN a même précisé que la « complexité » de la conception de l’EPR « rend difficile l’élaboration d’une démonstration de sûreté satisfaisante ». En clair : l’ASN doute même qu’il soit possible de régler le problème.

« Comment ont réagi Jean-Louis Borloo et François Fillon ? « Tout va bien madame la marquise », déclare Yannick Rousselet. Le nucléaire suit un régime d’exception en France. Les autorités publiques reconnaissent qu’EDF et Areva mènent des activités dangereuses et sans transparence, mais ils les laissent continuer comme si de rien n’était. En refusant de prendre un moratoire sur le trafic de déchets, en prenant fait et cause pour défendre l’EPR d’Areva, le ministre Jean-Louis Borloo est à deux doigts de désavouer le Haut comité sur la transparence et l’Autorité de sûreté nucléaire. »