EPR en Inde : la BNP prête à financer la construction de deux réacteurs sur une faille sismique !

Climat

Paris, 6 décembre 2010 – Ce matin, à 10h30, des militants de Greenpeace ont fait surgir deux réacteurs EPR sur une faille sismique au pied du siège de la BNP, boulevard des Italiens, à Paris. Quatre grimpeurs ont déployé deux banderoles portant le message « BNP : stop aux investissements radioactifs ». Par cette action, Greenpeace dénonce la signature d’accords cadre entre la France et l’Inde, prévoyant la construction de deux réacteurs EPR dans la région de Jaitapur, qui présente un risque sismique très élevé. Ce projet dangereux serait en partie financé par la BNP.

Deux EPR à Jaitapur, sur une faille sismique : un projet fou

La région de Jaitapur est traversée par trois failles tectoniques. Entre 1990 et 2000, pas moins de trois séismes se sont produits dans la région, tous d’une magnitude supérieure à 5 sur l’échelle de Richter. La zone de Jaitapur est classée à l’échelon 4 sur 5 sur l’échelle indienne du risque sismique, avec des séismes pouvant atteindre une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter. Aujourd’hui, aucun réacteur nucléaire au monde n’est construit sur une zone comportant un risque sismique de cette ampleur.

« L’opposition de la population sur place est massive, notamment des agriculteurs et des pêcheurs qui ont refusé les compensations dérisoires que l’État voulait leur verser pour s’approprier leurs terres« , explique Sophia Majnoni d’Intignano, chargée de campagne Nucléaire. « Près de 10 000 personnes ont manifesté samedi sur le site de Jaitapur, à l’arrivée de la délégation française, 700 personnes se sont faites arrêter. »

La BNP, spécialiste du financement de projets nucléaires très dangereux

Selon nos informations, la BNP participera au prêt d’un montant de plusieurs milliards d’euros, qui devrait couvrir 70 % des besoins en financements de ce projet dangereux. Là où le bât blesse, c’est que la BNP ne mesure pas les risques liés à ce prêt ni pour l’environnement, ni pour la population locale, puisqu’elle sait que ce placement lui sera remboursé, du fait de la garantie d’État.

« Non seulement la BNP ne répond pas aux questions des citoyens sur le cas brésilien d’Angra, où elle étudie le financement d’un réacteur nucléaire aux standards de sécurité pré-Tchernobyl, mais voilà qu’elle se penche aussi sur le cas de Jaitapur, pour installer deux EPR sur une faille sismique« , souligne Sophia Majnoni d’Intignano. » La BNP, première banque au monde à soutenir l’industrie nucléaire en finançant des projets dangereux, doit faire toute la transparence sur l’usage de l’argent de ses clients. Nous invitions les citoyens, et en particulier les clients de la BNP, à interpeller cette banque irresponsable sur le site www.ouvavotreargent.com. »

Deux EPR vendus un prix dérisoire : le contribuable français épongera !

Le contrat en jeu est capital pour l’industrie nucléaire française, après la perte des marchés d’Abou Dhabi, l’année dernière. L’Inde a une marge de manœuvre pour faire baisser le prix et négocie pour conclure un contrat à 5,4 milliards d’euros pour deux EPR, alors que l’EPR finlandais affiche un coût total de 5,7 milliards à lui tout seul ! D’après les calculs effectués par Greenpeace (détails sur http://bit.ly/jaitapur), la prise en compte des particularités locales en Inde ne devrait pas permettre de baisser le prix de plus de 30 % par rapport à celui d’un EPR construit en Europe.

« Qui paiera le différentiel de la facture ?« , demande Sophia Majnoni d’Intignano « Une fois de plus le contribuable français, parce que la France garantit le prêt contracté par les institutions indiennes auprès des banques européennes, pour inciter l’Inde à acheter ces deux EPR. Une opération sans risque financier pour ces banques, mais pas pour les Français, qui mettront une fois encore la main à la poche. »