Débat sur l’énergie : un comité de pilotage inacceptable
Paris, le 10 novembre 2012 – Greenpeace a appris ce matin auprès du Ministère de l’Ecologie la composition du comité de pilotage du débat sur l’énergie qui doit débuter avant la fin du mois.
« Nous sommes scandalisés par la présence de personnalités connues pour être des ardents défenseurs du nucléaire. Si Areva et EDF ne sont pas présentes officiellement dans les instances du débat, elles sont certaines d’être bien représentées par Anne Lauvergeon et Pascal Colombani« , s’alarme Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. « La composition de ce comité sonne comme une provocation pour nous, cela nous incite encore plus fortement à nous poser la question de notre participation à ce débat. »
Greenpeace demande à être reçue dés que possible par Delphine Batho afin de s’assurer qu’il sera bien question de transition énergétique dans le débat sur l’énergie. En cas de réponse insatisfaisante, l’association ne participera pas au débat.
Un signal négatif de plus
Ces nominations viennent s’ajouter à différentes décisions qui démontrent le peu d’intérêt que porte l’actuel gouvernement à l’environnement et à une nécessaire transition énergétique. L’entêtement sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les aides aux agrocarburants ou l’inaction pour aider au développement des énergies renouvelables sont autant de mauvais signes pour le débat sur l’énergie à venir.
« Les nominations d’Anne Lauvergeon et Pascal Colombani au sein du comité de pilotage peuvent être interprétées comme une volonté d’immobilisme de la part du gouvernement », analyse Jean-François Julliard. « Il est certain qu’avec leur présence il ne sera pas possible de modifier en profondeur la politique énergétique de la France. Ils sont parmi les meilleurs représentants du système en place depuis cinquante ans. »
On peut noter que le secteur de l’entreprise est uniquement représenté sous l’angle des producteurs d’énergies sales, alors même que la transition énergétique concerne et bénéficie aux producteurs d’énergies renouvelables et aux entreprises spécialisées dans les économies d’énergie. Il s’agit là d’un autre mauvais signal.
Le comité de pilotage
Les membres du comité de pilotage mis en place par le gouvernement sont :
– Anne Lauvergeon, a passé l’essentiel de sa carrière à promouvoir l’énergie nucléaire, passant de la tête de la Cogema en 1999 à la présidence du directoire d’Areva jusqu’en 2011, étant actuellement toujours administratrice de GDF-Suez, ou encore de Total.
– Pascal Colombani, spécialisé en physique nucléaire, a exercé notamment des fonctions dans le secteur pétrolier et dans le secteur nucléaire. Administrateur de sociétés, il a été tout à tour administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique, président du conseil de surveillance d’Areva, membre du CA d’entreprises comme Rhodia, British Energy, Framatome, EDF.
– Bruno Rebelle, a quitté Greenpeace en 2007, il a été conseiller de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle. Il dirige une entreprise de conseil en développement durable dont les clients sont des collectivités locales et des entreprises aux profils aussi variés que Kraft Foods, Carrefour, Véolia ou Enercoop.
– Jean Jouzel, scientifique spécialiste du réchauffement climatique, mondialement reconnu. Il est membre depuis 1994 du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat, rattaché à l’ONU.
– Laurence Tubiana, directrice de la chaire Développement durable de Sciences Po Paris et présidente de l’Institut du développement durable et des relations internationales.