Coup de vent et repos forcé
François Catzelfis, bénévole français nous raconte son travail d’observation.
Les chalutiers viennent s’abriter lundi au port de Pantelleria
Depuis 72 heures le vent souffle continuellement, de plus en plus fort, toujours en provenance du sud-est. Des rafales atteignent 50 noeuds (jusqu’à 59 noeuds hier soir vers 20h00), la mer est recouverte d’écume blanche.
Avant-hier tôt le matin, six chalutiers faisaient du stand-by au large du port de Pantelleria petit à petit, ils sont rentrés s’abriter, et ils sont 13 à quai maintenant.
Des chalutiers italiens plutôt vétustes, âgés d’au moins 20 ans pour la plupart, avec coque en bois. Certains font 19 m. de long, mais la plupart sont à environ 23 m. Leur moteur reste en marche, même à quai, pour actionner les pompes et maintenir du courant électrique. Au prix actuel du gazole, la facture pour 60 heures de marche même au ralenti ne doit pas être négligeable.
Le seul bateau de pêche qui ait tenté une sortie hier est un petit 12 m palangrier, le Nueva Maria Lucia, avec un équipage de 3 hommes. A bord, des toupies d’avançons bien disposés dans de grands bacs circulaires et un tire-ligne permettent de reconnaître le métier. Mais la mer est trop agitée même pour un petit palangrier, et le Nueva Maria Lucia est rentré s’abriter dans la nuit.
Une toupie d’avançons, avec les hameçons accrochés en périphérie, à bord du palangrier Nueva Maria Lucia.
Le palangrier observé dimanche au large des côtes orientales de Pantelleria n’est pas vraiment un inconnu pour les observateurs de la surpêche des thons rouges : ce navire, le Gusmano Primo, fonctionnait aussi en 2007 comme remorqueur pour tirer les cages de transfert de thons rouges capturés dans la zone exclusive libyenne, comme documenté par Greenpeace en avril 2007, et repris dans l’excellent rapport « The plunder of bluefin tuna in the Mediterranean and East Atlantic during 2006 and 2007 » (ATRT, octobre 2007).
Partout en Méditerranée les bateaux rentrent au port lorsque la mer s’agite trop. Nous apprenons qu’à Malte il y a au moins 25 thoniers-senneurs qui sont venus s’abriter à La Valette, et une quinzaine de chalutiers de diverses nationalités.
Pour les thons rouges, cette mer agitée est un répit : les thoniers-senneurs ne peuvent pas pêcher dans ces conditions mais pour combien de temps ?