Copenhague : la négociation entre dans les arrêts de jeu, il est temps de marquer

Climat

Copenhague, le 13 décembre 2009 – À mi-parcours des négociations, Greenpeace estime que la première semaine de négociations n’a fait que cristalliser les oppositions. Guère surprenant. L’arrivée des ministres puis celle des chefs d’État devrait impulser une nouvelle dynamique. Reste à voir si celle-ci sera vertueuse ou non.

« Partout dans le monde, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer un accord juridiquement contraignant, juste et ambitieux, alors que les météorologues viennent de confirmer que se termine tout juste la décennie la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, déclare Pascal Husting. Les dirigeants du monde viennent-ils pour régler le problème ou poser sur une énième photo de famille ? »

Des objectifs de réduction drastiques des émissions
Pour être un succès, l’accord de Copenhague doit permettre de maintenir l’augmentation des températures sous la barre de 2° C, ce qui implique de drastiques réductions des émissions de gaz à effet de serre. Alors que les grands pays émergents affichent des ambitions prometteuses, pour l’instant, le groupe des pays industrialisés propose une fourchette de 10 à 17 % quand les dernières études scientifiques appellent à une réduction de 40 %.

« Les pollueurs historiques nient leur responsabilité. Dans ces conditions, comment demander aux pays en développement de prendre des engagements ambitieux ?, déclare Karine Gavand. Barack Obama ne doit pas venir les mains vides. Et Nicolas Sarkozy doit passer des discours incantatoires aux actes. »

De l’argent pour soutenir les pays en développement
On le sait, un minimum de 110 milliards d’euros par an est nécessaire pour soutenir les pays en développement face aux changements climatiques mais aussi… pour débloquer les négociations à Copenhague.

« L’argent doit venir des pollueurs historiques. L’Europe ou les Etats-Unis nous vendent déjà comme une grande victoire le fait qu’ils daignent ouvrir leur porte-monnaie pour les trois prochaines années. Rien sur le plus important, l’après 2012, reprend Karine Gavand. Ils offrent royalement le pourboire alors qu’ils refusent de pays l’addition Le dérèglement du climat ne va pas s’arrêter dans trois ans. Les flux financiers doivent en faire autant. »

Zéro déforestation d’ici à 2020
Le mécanisme de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation et la dégradation forestière (connu sous l’acronyme REDD) ne sera satisfaisant qu’avec un arrêt total de la déforestation tropicale pour 2020, une comptabilisation nationale des émissions et un financement assuré par les pays industrialisés à hauteur d’au moins 30 milliards d’euros chaque année.

Aujourd’hui, le texte qui est sur la table ne contient plus aucun objectif chiffré de réduction de la déforestation. Et une minorité de pays dont les États-Unis bloquent un accord sur une comptabilisation nationale des émissions.

« Scientifiques et économistes s’accordent pour dire que la réduction de la déforestation est le moyen le plus rapide et efficace de régler 20 % du problème des changements climatiques, déclare Jérôme Frignet. Les négociateurs vont-ils être les seuls à l’ignorer ? »