Conférence environnementale : il faut redescendre sur terre…

Climat

Conférence environnementale : il faut redescendre sur terre…

Paris, le 15 septembre 2012 – A l’issue du discours de Jean-Marc Ayrault, Greenpeace fait un premier bilan de la Conférence Environnementale en forme de mise au point.

« Nous ne sommes pas « rassurés », nous resterons vigilants sur la mise en adéquation des moyens et financements avec les objectifs sur le logement, sur les renouvelables, l’efficacité, les transports, etc. La vraie transition sera engagée quand on parlera de sortie du nucléaire et de la fin de notre dépendance aux fossiles. Nous sommes habitués aux discours pleins d’emphase sur l’environnement. En leur temps, Nicolas Sarkozy ou Jean-Louis Borloo avaient aussi fait des annonces spectaculaires comme la taxe carbone ou les objectifs ambitieux concernant le logement… » commente Jean-François Julliard, Directeur Général de Greenpeace.

Fessenheim, nucléaire, schistes : mises au point urgente

Sur Fessenheim, l’annonce de la fermeture fin 2016 fait la une alors que François Hollande ne fait que préciser la date de l’application d’une de ses promesses de campagne. Parallèlement, Delphine Batho a confirmé que les travaux demandés par l’Autorité de sûreté nucléaire seraient lancés.

« Ce n’est qu’une confirmation. Annoncée depuis des mois « avant 2017 » cette fermeture pourrait être effectuée beaucoup plus rapidement. Les travaux ne doivent pas être faits et financés, si cette centrale n’est pas sûre, il faut la fermer ! » explique Jean-François Julliard.

Sur le nucléaire : le Président a réaffirmé son objectif de réduire de 75 à 50% la part du nucléaire d’ici à 2025.

« Une promesse de campagne et une équation qui n’a pas de sens. C’est mathématique : si on ferme Fessenheim et qu’on lance l’EPR de Flamanville comme promis en 2016, on ne peut pas réduire la part du nucléaire ! Il faudra décider la fermeture d’autres centrales dans le quinquennat » pour Jean-François Julliard.

Sur les hydrocarbures de schiste : le Président annonce le rejet des 7 demandes de permis d’exploration d’hydrocarbure de schiste et affirme son opposition à la fracturation hydraulique durant le quinquennat.

« Le Président s’est borné à appliquer de manière rigoureuse la loi votée en 2011 par l’UMP et le PS, qui rejette la fracturation hydraulique. Discours subtile et ambigu : il n’a pas fermé la porte aux hydrocarbures de schiste, il ne l’a juste pas rouverte ! Greenpeace regrette que le Président se borne à la question de cette technique. La vraie transition ne passe pas par la recherche de nouvelles sources fossiles » ajoute Jean-François Julliard.

Beaux discours et faux débats

Sur le discours du Premier Ministre, globalement, pas de révolution. Mais des mesures et des objectifs qui semblent aller dans la bonne direction sur l’efficacité, les transports et les renouvelables. Ces annonces doivent être tempérées par le fait que la plupart sont simplement des confirmations ou des mises en application de directives européennes (agro-carburants, réduction des émissions de GES…). Les tables rondes ont permis, elles, d’aborder les accords et surtout les désaccords entre acteurs mais pas plus. Sur l’énergie, un point positif : des avancées sur l’organisation du futur débat sur l’énergie, l’un des objectifs réels de cette table ronde. Sur la biodiversité, grand point négatif, l’absence quasi complète de la question de la pêche, une aberration.

« La concertation et quelques annonces faussement nouvelles –schistes, Fessenheim- voire même ambitieuses, comme le logement, ne font pas une politique environnementale en soi. On est quand même très loin du changement de société annoncé. Il faut redescendre sur terre. Les désaccords sont très nombreux. Il n’y aura pas de consensus. Le gouvernement devra trancher » conclut Jean-François Julliard.