Conférence de Lima : sans surprise, les actes sont absents
Lima, dimanche 14 décembre 2014 – A la clôture des négociations de la conférence des Nations Unies sur le climat à Lima, à 1h30, heure locale, on est très loin d’un accord qui enclencherait enfin la sortie des énergies fossiles, condition absolue pour lutter contre les dérèglements climatiques, selon le GIEC.
« Les résultats de Lima sont médiocres mais sans surprise« , explique Sébastien Blavier, chargé de campagne énergie à Greenpeace France, depuis Lima. « La surenchère à l’éloquence sur l’urgence climatique est proportionnelle au manque d’engagements et d’actes concrets. A la course pour sauver le climat, la seule vraie solution à l’arrivée c’est 100% d’énergies renouvelables pour tous en 2050. Lima et Paris ne sont que des points d’étape, les pays doivent aussi être plus exemplaires à domicile, avec des actes concrets pour la transition énergétique. »
Ces conférences ne sont pas une baguette magique qui sauvera le climat
Cette négociation de Lima n’a pas permis de poser des règles du jeu solides pour le futur accord de Paris, à savoir définir une période d’engagement identique pour tous les pays entre 2020 et 2025, et un objectif mondial de long terme de 100% de renouvelables. Ces éléments pourtant cruciaux ne sont pas encore sur la table. De l’aveu même de la France, l‘accord de Paris ne permettra pas de rester en deçà de 2 degrés de réchauffement. Mme Tubiana le disait déjà devant des députés le 5 novembre dernier. Il serait suicidaire de se reposer uniquement sur cette conférence de Paris pour engager la transition. Les Etats, les entreprises, les collectivités locales, les groupements de citoyens doivent engager la sortie des fossiles et choisir la transition basée sur les renouvelables. Ils sont déjà très nombreux partout sur la planète à avoir fait ce choix. Qu’en est-il de la France ?
Accélérer le déploiement de vraies solutions au niveau national
En France aujourd’hui, le nucléaire barre la route au développement des renouvelables, seule solution pour une réelle transition. L’atome absorbe la quasi-totalité des financements disponibles. Résultat, la France a près de deux ans de retard sur son objectif d’énergies renouvelables, de 23% pour 2020. Découlant de la loi de transition énergétique, la planification énergétique pour 2016-2018, élaborée d’ici fin 2015, doit permettre de rattraper ce retard. Comment ? En accélérant le déploiement immédiat du solaire et de l’éolien, qui n’attendent que la volonté politique, et en prévoyant l’équivalent de la fermeture de 5 réacteurs nucléaires. A plus long terme, Greenpeace a construit une trajectoire de transition énergétique vers les renouvelables, pas plus chère que le mix actuel à terme, qui permet de diminuer de 95% nos émissions de gaz à effet de serre en 2050, et de sortir du nucléaire.
« La France, en tant qu’hôte de la prochaine conférence, a une lourde responsabilité. Dès aujourd’hui, pour mettre les paroles et les actes en cohérence, nos responsables devraient d’abord balayer devant leur porte. Le gouvernement doit passer de l’épiphanie climatique à un vrai changement de modèle énergétique, basé sur les renouvelables. Et dans notre pays, le nucléaire est le verrou qui empêche la mise en place de vraies solutions« , conclut Sébastien Blavier.