Climat : les gouvernements réunis à Bonn manquent d’ambition

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Une nouvelle étape de discussions des Nations unies sur les changements climatiques s’est ouverte à Bonn lundi 2 juin, en présence des représentants de 172 pays. Au programme : le financement de l’adaptation aux impacts des changements climatiques, des politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre et des transferts de technologies pour les pays en développement.

Alors que démarrent ces deux semaines de discussions, Greenpeace s’inquiète du manque de volonté politique et d’ambitions des gouvernements : depuis la conférence de Bali, en décembre dernier, le hiatus entre l’action politique nécessaire pour sauver le climat, et les progrès réels des négociations se creuse chaque jour un peu plus.

« Le fossé se creuse entre les actions préconisés par les scientifiques pour protéger le climat et les beaux discours des gouvernements d’une part, et leur concrétisation d’autre part, déplore Karine Gavand, chargée de campagne Climat à Greenpeace. Les émissions de gaz à effet de serre et les concentrations de CO2 augmentent plus rapidement que jamais. Pendant ce temps là, nous nous acheminons tranquillement vers un dérèglement catastrophique du climat, au lieu de nous activer pour le prévenir. »

En décembre 2007, à Bali, les gouvernements se sont entendus sur un processus de deux ans pour aboutir à un accord mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre, censé prendre le relais du protocole de Kyoto, qui expire en 2012. Ce futur accord doit être bouclé lors du sommet de l’Onu prévu à Copenhague, au Danemark, fin 2009. Alors qu’il reste seulement 18 mois, le manque de matière sur la table des négociations est de très mauvais augure.

Les discussions qui ont eu lieu en avril, à Bangkok (Thaïlande) se sont enlisées dans une atmosphère de suspicion, entre pays développés qui renâclent à un partage équitable des responsabilités et pays en développement, peu enclins à s’engager si les États-Unis notamment refusent toujours tout objectif contraignant à la mesure de leur contribution aux émissions mondiales de gaz à effet de serre,

Le défi de Bonn consiste à entrer dans le vif des négociations et à identifier précisément le contenu du futur accord, en particulier la question essentielle de l’aide aux pays en développement pour qu’ils puissent s’adapter aux impacts et accéder aux technologies propres.

« Il est temps pour les gouvernements de mettre la méfiance de côté, de sortir des positions figées et de poser cartes sur table. Querelles interminables et discussions qui tournent en rond ne sont plus de mise, conclut Karine Gavand. Dans la lutte contre les changements climatiques, il n’y a qu’un seul chemin : celui d’une économie peu gourmande en carbone. Les pays riches doivent montrer l’exemple et aider les pays en développement. Sans ressources financières suffisantes pour mettre les technologies propres sur le marché, on ne pourra pas attendre un engagement des pays en développement à Copenhague. »

Qui traîne des pieds ? En tête, l’Administration américaine de George W. Bush, qui fait obstruction à l’Onu et qui freine des quatre fers aux Etats-Unis même, alors que les Républicains et Démocrates sont enfin tombés avec la communauté scientifique pour proposer un plan d’action et qu’un projet de loi doit être débattu cette semaine.

Après Bangkok, les négociations de Bonn, qui se tiendront du 2 au 13 juin, constituent le deuxième rendez-vous d’une série de quatre rencontres prévues cette année. Les deux autres devraient avoir lieu en août, au Ghana, sur le thème de la déforestation, puis en Pologne, en décembre, pour faire le point sur le processus global. Le Japon a également proposé d’adopter une « approche sectorielle », qui permettrait de juger chaque industrie sur ses obligations environnementales.