Chalutage profond : le crime caché des grands fonds marins

Océans

Paris, 1er juin 2011 – Ce samedi 4 juin, dans 21 villes de France, les militants bénévoles de Greenpeace seront mobilisés autour des enseignes de distribution et des points de vente de poissons des grandes profondeurs. La France est un des principaux pays pêcheurs et consommateurs de ces espèces, alors que la technique de pêche employée, le chalutage profond, est particulièrement destructrice.

Le crime caché des profondeurs

Le chalutage profond est une pêche industrielle qui se pratique à plus de 400 mètres de profondeur, là où la mer se fait obscure et l’environnement silencieux, là où personne ne voit les dégâts causés, dans des écosystèmes mal connus. Cette pêche a commencé pour les Français dans les années 80, et est symptomatique du mal qui menace nos océans : le vide ! En effet, si on va pêcher si profond, c’est parce qu’on a déjà vidé les couches supérieures des mers… Et on continue à détruire des stocks de poissons : l’empereur par exemple, dont la pêche a été fermée cette année car il a été décimé dans l’Atlantique Nord Est en une vingtaine d’années.

« 9 espèces sur 10 sur les étals des poissonneries sont d’ores et déjà surexploitées ou au bord de la surexploitation« , précise Hélène Bourges, chargée de campagne Océans pour Greenpeace France. « Si on continue à pêcher à ce rythme, d’ici 35 ans les océans seront vides, selon une étude de Boris Worm publiée en 2006 dans la revue Science. Cette situation reflète notamment l’échec de notre politique commune des pêches européennes depuis 25 ans« .

Une poignée de bateaux fait d’énormes dégâts

La flotte des chalutiers profonds français ne compte pourtant qu’une douzaine de bateaux…. Mais la technique de pêche est particulièrement destructrice. D’abord, le chalutage profond vise des espèces profondes qui se reproduisent très lentement, et sont donc particulièrement vulnérables à la pêche. Les chaluts sont des filets coniques, dont l’ouverture peut être aussi large qu’un terrain de football, tirés par des bateaux au dessus du plancher océanique, raflant tout sur leur passage.
« En moyenne 30 à 40% du contenu du filet, mais parfois beaucoup plus, sont effectivement rejetés à l’eau, morts, dès que le filet est remonté. » explique Hélène Bourges. « En plus du gaspillage (coraux, éponges, etc…), on épuise également les stocks d’espèces qui ne sont pas celles qu’on est venu pêcher. »

C’est maintenant que se joue l’avenir des océans européens

L’Union européenne a entamé un processus de réforme de la Politique commune des pêches européenne, qui régule les pratiques de nos flottes dans et hors des eaux communautaires. Le chalutage profond est pour Greenpeace l’exemple même du type de pêche à bannir. Greenpeace demande que l’Union européenne s’oriente vers une pêche durable, ce qui passe par le respect des avis scientifiques en matière de quotas, la diminution du nombre de bateaux, et la protection de zones en mer, notamment sur les zones de reproduction de certains poissons. Enfin; l’UE doit arrêter de subventionner des pratiques destructrices, dont le modèle économique n’est pas viable.

Plus d’informations sur la campagne et le guide des espèces profondes menacées sur www.greenpeace.fr/sos-oceans