[Action] « L’avion vert ne sauvera pas le climat »

Climat

Pour dénoncer le greenwashing du gouvernement, les activistes de Greenpeace France repeignent un avion en vert à Roissy

A 9h ce matin, neuf activistes de Greenpeace France se sont introduit·es au sein de l’aéroport Charles de Gaulle à Roissy pour dénoncer le greenwashing du gouvernement et le manque d’ambition du projet de loi « Climat et résilience » concernant le secteur aérien.

Les activistes ont repeint un avion en vert en écho à la communication du ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari, qui n’a de cesse de mettre en avant l’avion ‘vert’ comme solution miracle pour rendre le secteur compatible avec la crise climatique. Ce faisant, il évite soigneusement de s’attaquer sérieusement au cœur du problème : la nécessaire régulation et réduction du trafic aérien.

D’autres activistes portent des banderoles avec les messages « Loi climat : ça ne vole pas haut ! », « La solution : moins d’avions » ou encore « Y a-t-il un pilote pour sauver le climat ? ».

Des photos et vidéos de l’action seront disponibles au fil de la journée ici .

Le pari risqué de l’avion vert

« L’avion “vert” n’est rien de plus qu’une fiction pour le moment. Quelle que soit l’option technologique envisagée, notamment l’avion à hydrogène, des questions techniques primordiales restent en suspens et certaines options peuvent même représenter un risque supplémentaire pour le climat, commente Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports chez Greenpeace France. De plus, l’avion vert ne peut servir de poudre de perlimpinpin au gouvernement, M. Djebbari en tête, ni aux responsables du secteur, pour en fait continuer comme avant, sans remettre en question un modèle de développement basé sur une croissance du trafic sans limite et intenable pour le climat, et sans anticiper les conséquences sociales liées à la nécessaire transformation du secteur avec et pour les salariés et salariées. »

Dans une note publiée aujourd’hui , Greenpeace France revient sur les limites de ces innovations technologiques, et rappelle également que l’avion « vert » arrivera trop tard : concernant l’avion à hydrogène, le groupe Airbus s’est engagé sur une commercialisation d’ici 2035, date bien trop lointaine alors que la crise climatique se joue dès maintenant.

L’avion vert, si tant est qu’il soit réalisable et vraiment vert, ne pourra de toutes les manières pas absorber le volume et la croissance du trafic tel qu’avant la crise Covid ; il ne suffira pas à mettre le transport aérien sur une trajectoire compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique au plus près de 1,5C. La régulation et la réduction du trafic aérien sont donc incontournables.

Le gouvernement noté 2,8 sur 10 sur l’aérien par les membres de la convention citoyenne

Le gouvernement prétend se saisir de cet enjeu de régulation et de réduction du trafic aérien dans le projet de loi « Climat et résilience » mais l’ambition affichée ne résiste pas longtemps à l’analyse.
Concernant l’interdiction des extensions d’aéroports, inévitable pour empêcher de nouvelles augmentations du trafic aérien, le projet actuel de la loi n’inquiéterait aucun des dix plus grands projets actuellement prévus en France. Autre sujet de fierté pour le gouvernement : l’interdiction des vols courts lorsqu’une alternative en train de moins de 2h30 existe. Là encore, le manque d’ambition est flagrant : cette mesure ne concernera au mieux que cinq lignes sur la centaine de connexions aériennes intérieures existantes (hors Corse et Outre-Mer) et présentera un bénéfice climat très limité .

Pas dupes de cette communication gouvernementale trompeuse, les membres de la convention citoyenne pour le climat (CCC) ont attribué la sévère note de 2,8 sur 10 au gouvernement concernant la prise en compte de leurs propositions sur le secteur aérien dans le projet de loi. Ce dernier, dont l’examen commence ce lundi 8 mars en commission spéciale à l’Assemblée nationale, témoigne une nouvelle fois de l’irresponsabilité climatique de nos responsables politiques. Il revient désormais aux député·es de s’en saisir et de relever fortement son ambition, sur le sujet aérien comme sur les autres thématiques.