Action dans le golfe du Lion : Greenpeace réagit aux propos d’Agnès Pannier-Runacher et à la mise en demeure de la préfecture maritime
Suite à une action menée par Greenpeace France mercredi 21 mai dernier dans le parc marin du golfe du Lion, la Ministre de la Mer et de la Pêche Agnès Pannier-Runacher a plusieurs fois ces derniers jours réagi en s’appuyant sur des contre-vérités. L’organisation revient sur les éléments développés par la ministre.
- Contrairement à ce qu’Agnès Pannier-Runacher prétend, Greenpeace n’a pas déversé des gravats mais bien quinze rochers d’une à deux tonnes chacun, les photos en attestant. La différence est importante : les gravats sont des petits déchets issus de chantiers de construction, alors que les rochers qui ont été utilisés mercredi sont des blocs de calcaire qui proviennent directement d’une carrière, un matériau similaire à ce qu’on peut retrouver naturellement dans le parc marin.
- Contrairement à ce qu’elle dit là encore, la zone où les rochers ont été déposés est bel et bien affectée par le chalutage de fond, comme le montrent les données issues de la plateforme Marine Traffic. A l’aube ce mercredi 21 mai, le bateau de Greenpeace l’Arctic Sunrise a d’ailleurs croisé 4 chalutiers qui étaient en pleine activité à quelques kilomètres de là.
Pour François Chartier, chargé de campagne Océans chez Greenpeace France :
« La Ministre semble méconnaître la réalité de l’activité de pêche dans le parc marin du golfe du Lion, ainsi que ses réglementations : oui, le chalutage de fond ratisse bien la zone dans laquelle nous sommes allés mercredi, ne laissant plus beaucoup d’espace aux pêcheurs artisanaux. Notre position est sans ambiguïté : si nous dénonçons le laissez-faire du gouvernement sur les méthodes de pêche destructrices pour les fonds marins, nous défendons au contraire la pêche artisanale qui, elle, respecte davantage les écosystèmes. Heureusement, il reste un peu de temps à Agnès Pannier-Runacher pour revoir son dossier avant la tenue du sommet de l’Unoc-3. »


Captures d’écran issues de la plateforme Marine Traffic, montrant les traces des chalutiers pêchant dans la zone du 21 avril au 21 mai 2025 : la première image montre le parc marin en entier, tandis que la seconde est la même carte agrandie pour montrer la zone dans laquelle les rochers ont été déposés.
Concernant la mise en demeure adressée au capitaine de l’Arctic Sunrise par la préfecture maritime, elle repose également sur des points fallacieux :
La disposition des rochers ne met aucunement en danger les arts dormants, c’est-à-dire les techniques de pêche artisanale (filets calés, filets dérivants, casiers et les techniques de pêche à l’hameçon comme la ligne, la cane, la palangres), qui ne trainent aucun engin sur les fonds. La présence des blocs ne peut en effet avoir d’impact :
ni sur les casiers qui sont posés sur le fond, souvent à proximité des récifs pour y piéger les poissons, crustacés et céphalopodes,
ni sur les filets dérivants qui ne touchent pas le fond, puisqu’il s’agit d’une technique de surface,
ni sur les lignes qui ne touchent pas davantage le fond,
ni sur les filets calés qui sont posés sur le fond : n’étant pas traînés, ils ne peuvent pas être abîmés par les blocs.
Ces blocs posés à 40 mètres de profondeur environ ne présentent aucun danger non plus pour les navires se trouvant dans la zone, pas plus que des entraves à la navigation : la position exacte des blocs a été communiquée précisément aux autorités afin que les cartes de navigation soient mises à jour. Ils peuvent facilement être évités au même titre que les récifs naturels présents autour de cette zone.
Greenpeace tient à rappeler que la pratique du chalutage de fond est contraire à la définition même d’une aire marine protégée selon les critères de l’Union international pour la conservation de la nature (UICN).
La Commission européenne elle-même recommande l’exclusion de cette pratique de toutes les AMP en Europe.
Contact presse : Kim Dallet – 06 33 58 39 46