83 % des Français·es et 81 % de la population mondiale pour une taxe climat sur les entreprises fossiles

Climat

Une écrasante majorité des Français·es (83 %) et de la population mondiale (81 %) estime que les entreprises qui exploitent les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) doivent être taxées pour financer la réparation des dégâts causés par le dérèglement climatique qu’elles provoquent. C’est ce que révèle une vaste enquête internationale publiée aujourd’hui par Greenpeace et Oxfam, alors que se tiennent les négociations climatiques des Nations unies à Bonn (SB62), et à l’approche de la Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4) qui se tiendra à Séville du 30 juin au 3 juillet 2025. Selon l’enquête, cette forte adhésion à une fiscalité climatique ambitieuse est indépendante des opinions politiques des personnes sondées et devient incontournable dans l’opinion publique mondiale.

Le sondage, réalisé par Dynata à l’initiative de Greenpeace International et d’Oxfam International, a été réalisé dans 13 pays[1], dont la France[2]. Les résultats montrent un soutien massif et global à une fiscalité climatique ciblant les principaux responsables de la crise : les entreprises polluantes et les super-riches. À l’échelle mondiale, 81 % des personnes interrogées soutiennent l’idée d’une taxe sur les entreprises fossiles pour couvrir le coût des dégâts liés aux catastrophes climatiques (sécheresses, incendies, inondations, etc.).

En France, ce soutien est particulièrement massif et transcende l’âge des personnes sondées, le niveau de revenu et, surtout, les appartenances politiques : s’il est plus marqué à gauche (91 % de soutien pour les électeur·ices du Nouveau Front Populaire), il reste très majoritaire chez les électeur·rices situés plus à droite de l’échiquier politique (83 % de soutien pour les électeur·ices d’Ensemble pour la République, 81 % chez les Républicains, 75 % chez le Rassemblement National). Preuve qu’au-delà des clivages, l’exigence de justice fiscale et climatique devient une demande incontournable.

Parmi les autres enseignements de ce sondage en France :

  • 84 % des personnes interrogées soutiennent l’idée d’augmenter la taxation des super-riches pour soutenir les populations affectées par des catastrophes climatiques (tempêtes, incendies, sécheresses, inondations) ;
  • 74 % des personnes interrogées pensent que les super-riches et les industries polluantes, comme celles des énergies fossiles, ont une mauvaise influence sur la politique française.

Un message clair pour les décideurs politiques : faire payer les vrais responsables

Ce sondage est publié dans un contexte crucial : à Bonn, les États discutent des moyens de mobiliser au moins 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour financer la transition climatique des pays du Sud. Une semaine plus tard commencera la 4e Conférence sur le financement du développement (FfD4), où la France devrait jouer un rôle moteur, notamment dans le cadre de la Global Solidarity Levies Task Force, qui doit y faire des annonces.

À travers ce sondage, les citoyen·nes envoient un message clair aux décideurs : la facture des dégâts ne doit pas reposer sur les épaules des populations, mais sur celles des entreprises responsables de la crise climatique et des ultra-riches qui en profitent. En France, 73 % des personnes interrogées déclarent qu’elles seraient plus enclines à voter pour un·e candidat·e qui priorise la taxation des grandes entreprises polluantes et des ultra-riches. De la même façon, cette proposition est très majoritairement soutenue à travers l’intégralité du prisme des électeur·ices.

Pour Selma Huart, chargée de plaidoyer chez Oxfam France : « Ce soutien citoyen massif envoie un message clair au gouvernement français à l’heure des négociations de Bonn et de la conférence de Séville : il est grand temps d’agir pour imposer une taxation internationale des géants du fossile ! Les citoyen·nes refusent de voir les populations des pays les plus vulnérables payer deux fois : d’abord par les catastrophes climatiques qu’elles subissent de plein fouet, ensuite par l’absence de financements pour s’adapter ou se relever. Faire payer les profiteurs du désastre climatique, c’est aussi réduire les inégalités mondiales et locales, et rendre possible une transition juste pour toutes et tous. La France, qui se veut motrice de la transition écologique et solidaire, doit désormais le démontrer par des choix fiscaux ambitieux et justes. »

Pour Lorelei Limousin, chargée de campagne chez Greenpeace France : « Les événements climatiques extrêmes sont de plus en plus intenses et fréquents, et ce sont les populations qui en payent la facture. Face à un soutien populaire sans équivoque pour faire payer l’industrie fossile pour les dommages climatiques, qu’attendent Emmanuel Macron et son gouvernement pour passer à l’acte ? Agir contre le dérèglement climatique coûte moins cher que de le subir. Mais surtout, il est grand temps d’inverser la logique : celles et ceux qui causent la crise doivent payer pour les dégâts. Des négociations de Bonn à la COP30 de Belém, la France doit se saisir de chaque rendez-vous politique pour faire avancer la justice climatique. »


Note aux rédactions

Greenpeace poursuivra sa campagne au sein des négociations internationales comme la 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4) et la Convention fiscale des Nations Unies pour défendre l’inclusion de nouvelles règles obligeant les multinationales pétrolières et gazières à payer leur juste part face à leur responsabilité dans la crise climatique. Cette demande sera également portée lors de la COP30 à Belém (Brésil). Greenpeace France attend d’Emmanuel Macron et de son gouvernement qu’ils s’engagent dans cette voie. La France n’a pas été à la hauteur du leadership climatique qu’elle revendique ces dernières années, mais il est encore temps d’agir.

Oxfam France promeut la taxation des géants fossiles – ainsi que d’autres mesures de justice fiscale – lors de la 4e Conférence sur le financement du développement et à travers la feuille de route “Baku to Belém” discutée aux intersessions de Bonn et à la COP30. Oxfam propose une taxe permanente sur les bénéfices excédentaires des plus grandes entreprises polluantes, comme celles des secteurs pétrolier, gazier et charbonnier. Par ailleurs, la mise en place d’un impôt mondial sur la fortune des ultra-riches, ainsi que la réallocation d’une part significative des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) et l’annulation des dettes des pays les plus vulnérables, sont d’autres mesures portées par Oxfam, qui attend d’Emmanuel Macron et de son gouvernement qu’ils s’engagent clairement en faveur de ces solutions lors des prochaines échéances internationales.

À travers ces mesures, les gouvernements peuvent mobiliser les financements nécessaires pour une transition juste, tout en réduisant les inégalités et en contraignant les principaux pollueurs à changer de modèle.


[1] L’étude a été menée par Dynata en mai et juin 2025 au Brésil, au Canada, en France, en Allemagne, au Kenya, en Italie, en Inde, au Mexique, aux Philippines, en Afrique du Sud, en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis – avec environ 1200 répondants dans chaque pays et une marge d’erreur théorique d’environ 2,83 %. Ensemble, ces pays représentent près de la moitié de la population mondiale. Les résultats complets et la méthodologie sont disponibles ici.

[2] Échantillon représentatif de la population adulte en France. Les résultats détaillés par âge, genre, orientation politique et niveau de revenu sont consultables (à partir de la slide 40).