27 voix européennes pour l'interdiction du commerce international du thon rouge

Océans

Paris, 11 mars 2010 – Les 27 pays de l’Union européenne voteront d’une seule voix à la conférence de la Cites qui s’ouvre samedi, pour l’interdiction du commerce international du thon rouge, mais avec un délai de taille. La mesure prendrait effet en mai 2011.

L’Union européenne veut permettre à l’industrie de vider ses frigos !
La position de l’Union européenne permet d’ajouter 27 voix à la cause du thon rouge, alors que la Cites, qui pourrait permettre l’interdiction du commerce international commencera samedi à Doha. Pour cela, les 2/3 des 175 pays participants doivent voter le classement en annexe 1 de cette espèce. Mais l’Union européenne n’apporte pas un soutien aussi plein et entier que les Etats-Unis, par exemple, à ce classement. Les 27 états membres veulent permettre à la Cites de revoir cette mesure selon les évaluations de la population de thons rouges, programmées à l’Iccat, organisation qui gère la pêche au thon, en octobre 2010. Donner une telle responsabilité à l’Iccat est ridicule, alors qu’elle a montré son incapacité à enrayer la surpêche au thon rouge. Et surtout, l’Union européenne demandera un délai de mise en oeuvre de cette mesure, pour ne la rendre effective qu’en mai 2011.

« La position de l’Union européenne est simple à comprendre : ce délai permettrait de clore tout un cycle qui commencerait avec la saison de pêche en mai 2010. Les thons rouges sont ensuite engraissés plusieurs mois en Méditerranée, puis pour une grande majorité vendus au Japon et transportés congelés. », précise François Chartier, chargé de campagne océans à Greenpeace. « Pour autant, le thon rouge est en danger, dès aujourd’hui, et la pêche industrielle doit cesser au plus vite… »

La France n’a pas bloqué les négociations européennes
La France demandait un délai de mise en œuvre de 18 mois, qui aurait pu permettre une nouvelle saison de pêche en 2011. L’Union européenne a pris une position plus engagée en faveur du thon rouge, et la France, pays pêcheur, ne s’y est finalement pas opposée.

« On aurait pu arriver à une situation de blocage : si les pays européens ne peuvent trouver un accord, ils sont tous tenus de s’abstenir lors de la Cites. » explique François Chartier. « La France et les autres pays pêcheurs n’ont pas fait obstruction à la volonté d’autres pays européens, comme le Royaume Uni, de sauver le thon rouge, même si notre pays ne s’est pas montré leader en la matière. »

Les positions se dessinent pour l’ouverture de la conférence
Trois grandes positions commencent à rallier les pays qui peu à peu se prononcent : ceux qui soutiennent le classement, ceux qui sont contre et ceux qui objectent au classement. Derrière les Etats-Unis et l’Europe, la Suisse, la Colombie et l’Uruguay, soutiendront un classement en annexe 1. La Chine, la Turquie et certainement une grande partie de l’Asie voteraient contre. Enfin, Taïwan, le Canada et le Japon auront une position encore plus marquée : ils objecteront au classement. Non seulement ils voteront contre, mais ils refuseront d’appliquer le classement si jamais il est voté par les autres pays.

« On peut vraisemblablement penser que dans une logique de blocs, l’Amérique Latine et l’Afrique rejoindraient la position européenne, alors que les pays du Pacifique s’aligneraient sur une position asiatique, plutôt contre l’annexe 1 » indique François Chartier. « Les tractations entre pays ont déjà commencé. »