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Océans

Derrière les produits de la mer bon marché, un coût humain inacceptable

L’agence Associated Press (AP) a publié lundi 14 décembre une nouvelle enquête démontrant le recours au travail forcé d'adultes et d'enfants dans l’industrie de la crevette en Thaïlande. Ce pays engrange chaque année 7 milliards de dollars en exportant des produits de la mer à travers le monde entier, parmi lesquels le thon en boite et les crevettes.

 

L’agence Associated Press publie une enquête sur le travail forcé dans l’industrie de la crevette en Thaïlande

Des crevettes décortiquées par des « quasi-esclaves »

L’AP a pu interroger plusieurs dizaines de travailleurs exploités. Ces hommes et ces femmes, parfois des enfants, sont des Birmans qui ont fui leur pays. Ils travaillent dans des conditions proches de l’esclavage. L’un d’entre eux rapporte que les employés, chacun désigné par un numéro, sont contraints de décortiquer des crevettes 16 heures d’affilée chaque jour. Ils commencent à 3h00 du matin et n’ont le droit qu’à 15 minutes de pause pour manger. Ce témoin recevait 4 dollars par jour, pour 80 kg de crevettes décortiquées. Les travailleurs sont enfermés dans des bâtiments jouxtant le site de travail. Ils ne peuvent pas s’échapper. Ils sont parfois battus. Ils n’ont aucune couverture médicale et les conditions d’hygiène sont atroces. Le coût d’une paire de gants et d’une paire de bottes, seule maigre protection, est retenu sur leur salaire. Dans un des sites de décorticage, une femme enceinte de 8 mois a perdu son enfant, en accouchant prématurément à même le sol de l’entrepôt, et a été forcée de continuer à travailler pendant 4 jours alors qu’elle avait une hémorragie.

Thaï Union, maison mère de petit Navire, une nouvelle fois impliqué dans le recours au travail forcé

Les journalistes d’Associated Press ont suivi des camions depuis les sites de décorticage de crevettes jusqu’aux entreprises acheteuses, qui exportent ensuite vers l’Europe, les Etats-Unis et l’Asie. Une nouvelle fois, Thaï Union, maison mère de Petit Navire, figure parmi les clients des sites de production incriminés. Ce géant des produits de la mer devient coutumier du fait puisque le groupe a déjà été lié à des affaires de travail forcé, comme l’ont révélé de précédentes enquêtes d’Associated Press et du New York Times. La réponse du groupe est plus qu’insuffisante. Thaï Union réagit au cas par cas, essayant d’éteindre les incendies les uns après les autres, au lieu de prendre des mesures systémiques permettant d’enquêter et de nettoyer l’intégralité de ses chaînes d’approvisionnement. Six travailleurs du site dans lequel une employée a été contrainte à continuer son travail après sa fausse couche ont affirmé aux journalistes d’AP qu’un représentant de Thaï Union se rendait sur place tous les jours. Le groupe ne peut plus se cacher derrière son ignorance des pratiques de ses nombreux sous-traitants.

 

 

Comment faire confiance à un groupe, et aux marques qu’il possède, alors qu’il ne réagit qu’en cas de tempête médiatique ? Car en effet, si ses pratiques n’étaient pas révélées au grand jour, on pourrait penser que Thaï Union continuerait à générer du profit sur le dos de personnes exploitées. Business as usual. Le groupe prévoit de multiplier ses bénéfices par deux à l’horizon 2020… Mais à quel coût humain ?