Élu avec le soutien du puissant lobby agroalimentaire, Jair Bolsonaro vient de fêter son 100<sup>e</sup> jour à la tête de l’État brésilien. L’environnement, lui, est en deuil. Depuis son arrivée au pouvoir, on ne compte plus les coups de boutoir que le nouveau président a portés à la politique environnementale de son pays. Si ce travail de sape porte préjudice avant tout à la population brésilienne, en particulier aux peuples autochtones, il a aussi des répercussions sur notre assiette et notre climat.

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Brésil : 100e jour de deuil pour l’environnement

Élu avec le soutien du puissant lobby agroalimentaire, Jair Bolsonaro vient de fêter son 100e jour à la tête de l’État brésilien. L’environnement, lui, est en deuil. Depuis son arrivée au pouvoir, on ne compte plus les coups de boutoir que le nouveau président a portés à la politique environnementale de son pays. Si ce travail de sape porte préjudice avant tout à la population brésilienne, en particulier aux peuples autochtones, il a aussi des répercussions sur notre assiette et notre climat.

1. Neutralisation du ministère de l’Environnement

Action de Greenpeace lors du sommet international de la Cenvention sur la biversité biologique, Rio, mars 2016.

Action de Greenpeace lors du sommet international de la Convention sur la diversité biologique, Rio de Janeiro. Mars 2016.
©Greenpeace / Daniel Beltrá

Avant même son élection, le nouveau président avait annoncé qu’il supprimerait le ministère de l’Environnement. Les nombreuses critiques l’ont contraint à renoncer à ce projet, mais il n’en a pas moins réussi à totalement démanteler le ministère. Tout d’abord, il a nommé à sa tête un avocat d’affaires, Ricardo Salles. Alors qu’il était secrétaire à l’environnement de l’État de São Paulo, il a été condamné pour fraude administrative au profit de compagnies minières, et a déclaré que le changement climatique est un problème « secondaire ».

Ensuite, le président Bolsonaro a adopté une flopée de mesures et de décrets visant à affaiblir le ministère de l’Environnement en le privant, à petit feu, de ses moyens d’action.

2. Liquidation des territoires autochtones

Manifestation du peuple munduruku à Brasilia pour exiger la démarcation de leurs terres, avril 2018

Manifestation du peuple munduruku à Brasilia pour exiger la démarcation de leurs terres. Avril 2018.
© Christian Braga / MNI

Lors de ses 100 premiers jours au pouvoir, J. Bolsonaro a commencé à mettre à exécution ses promesses de campagne, à savoir en finir avec la démarcation des terres indigènes et ouvrir ces dernières à l’exploitation minière, agricole et forestière.

Il a privé la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI) de sa responsabilité de délimiter les territoires indigènes, la transférant au ministère de l’Agriculture. Teresa Cristina, à la tête de ce ministère, a déclaré être « favorable au développement de l’agro-négoce sur les terres indigènes ». Selon la FUNAI, 115 territoires indigènes étaient en attente d’être démarqués au début de l’année.

Ces mesures mettent en péril la forêt amazonienne, où se situent la plupart des territoires indigènes, et aggravent la détresse des peuples autochtones et les violences qu’ils subissent.

Les terres indigènes, qui représentent 13 % du territoire brésilien, constituent un rempart contre la destruction de la forêt : seulement 2 % de la déforestation de la forêt tropicale a lieu à l’intérieur des territoires autochtones.

Lire l’appel des peuples indigènes du monde entier à protéger la nature.

3. Bazardage de la forêt amazonienne

Lors de la visite du président Bolsonaro à Jérusalem, les activistes de Greenpeace lui ont envoyé un message avec cette banderole de 140 mètres carrés, déployée juste en face de son hôtel : « Arrêtez de détruire l’Amazone ». Avril 2019.
© Greenpeace

Le président, tout comme ses ministres, ne cessent de répéter dans les réunions internationales que le Brésil va ouvrir encore davantage ses forêts à tous types d’industries. Il a par exemple proposé à D. Trump un partenariat pour explorer l’Amazonie. Cela serait non seulement illégal mais, en outre, irait à l’encontre de la souveraineté du Brésil puisque les zones protégées et les terres indigènes, qui appartiennent aujourd’hui à l’État, pourraient tomber aux mains d’une poignée d’entreprises étrangères.

 

4. Autorisation en masse de pesticides dangereux

Déforestation dans le biome du Cerrado, adjacent à l’Amazonie, pour faire place aux plantations de soja. Juin 2017.
© Marizilda Cruppe / Greenpeace

En à peine trois mois, le nouveau gouvernement a autorisé l’utilisation de 121 nouveaux pesticides – un record (à titre de comparaison, 13 pesticides avaient été autorisés sur toute l’année 2010). Or 41 % de ces substances sont classées comme très toxiques ou extrêmement toxiques.

La majeure partie de ces pesticides sont utilisées pour les cultures du maïs ou du soja, qui servent ensuite à alimenter le bétail, au Brésil mais aussi dans le monde entier, et notamment en Europe (37 % du soja importé dans l’UE vient du Brésil). Ainsi, même si certains de ces pesticides sont interdits en Europe car trop dangereux, ils pourraient bien se retrouver directement ou indirectement dans nos assiettes.

La politique de sape environnementale de J. Bolsonaro sert les intérêts des industriels qui l’ont fait élire, au détriment de la santé de la population brésilienne, des droits des peuples autochtones et de la préservation de la biodiversité. Alors que la déforestation est repartie à la hausse au Brésil, l’ouverture des territoires autochtones et des forêts aux industriels ne présage rien de bon non plus pour le changement climatique. C’est aussi le climat mondial qui porte le deuil.