Accord UE-Mercosur : un cocktail toxique

Agriculture

L’effet boomerang des pesticides européens illustré par les importations de citrons verts

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L’accord commercial qui devrait être conclu entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) est un exemple frappant de la politique de deux poids deux mesures de l’UE. Alors que la Commission européenne s’est fixé des objectifs pour atteindre la neutralité climatique, réduire l’utilisation de pesticides et éliminer progressivement les voitures à moteur à combustion interne, elle fait également pression pour la ratification d’un accord commercial qui empêchera la réalisation de ces mêmes objectifs.

L’accord commercial UE-Mercosur va à l’encontre de ces objectifs en favorisant le commerce du bœuf, des pesticides et des voitures très polluantes, entraînant de fait une augmentation de la production et de la consommation de produits qui alimentent les crises climatique et environnementale. L’accord UE-Mercosur, dont la rédaction a débuté en 1999, est dépassé et perpétue un modèle économique qui détruit notre planète et exacerbe les injustices sociales au niveau mondial, et dans lequel une minorité s’enrichit aux dépens du plus grand nombre.

Cette étude évalue le « cycle toxique » que l’accord commercial UE-Mercosur aggraverait considérablement s’il était mis en œuvre. Pour ce faire, Greenpeace a effectué des tests de contamination par les pesticides sur des citrons verts brésiliens vendus dans les supermarchés de huit pays de l’UE. Les citrons verts, achetés en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas et en Suède, ont été examinés dans un laboratoire accrédité et certifié.
Le laboratoire a trouvé des résidus de nombreux pesticides produits au sein de l’UE et exportés au Brésil. Ces résultats prouvent une fois de plus que des substances toxiques, dont certaines ne sont pas autorisées dans l’UE, sont exportées vers le Brésil et renvoyées en Europe sous forme de résidus dans les denrées alimentaires. Ce phénomène, qui se produit même en l’absence d’accord de libre-échange, ne pourra que s’amplifier avec l’accord UE-Mercosur. Il a déjà été constaté que les pesticides provoquent la mort de millions d’abeilles et empoisonnent des milliers de personnes chaque année au Brésil, pour ne citer que deux des nombreuses conséquences de ces substances.

Principales conclusions de cette étude :

  • Sur les 52 échantillons analysés, tous sauf un contenaient des résidus de pesticides.
  • Six des substances actives identifiées sur les citrons verts ne sont pas approuvées ou sont interdites dans l’UE.
  • Plus de 90 % des échantillons contenant des résidus présentaient un cocktail toxique de sept pesticides différents.
  • Du glyphosate, herbicide probablement cancérogène, a été décelé dans un tiers des échantillons.
  • Un tiers des substances actives détectées sont également présentes dans des pesticides vendus au Brésil par les sociétés européennes BASF et Bayer.

Les accords commerciaux qui augmentent la production, le commerce et l’utilisation des pesticides devraient être abandonnés. L’accord UE-Mercosur augmenterait à la fois la quantité de pesticides utilisés et les ventes dans l’UE de produits contaminés par les pesticides. Greenpeace appelle donc les responsables politiques à rejeter l’accord UE-Mercosur. La politique commerciale ne doit pas exacerber les asymétries entre les pays du Nord et ceux du Sud.