PJL pouvoir d’achat : Greenpeace dénonce les largesses accordées à TotalEnergies pour l’extension du terminal méthanier du Havre

*Mise à jour du 12/07/22 : En Conseil des Ministres, ce dispositif a finalement été déplacé de l’article 12 aux articles 13 et 14 du PJL Pouvoir d’achat. De plus, la référence au terminal méthanier Antifer est en partie erronée, ce dernier n’étant pas encore en fonctionnement.

Quelques jours à peine après la nomination du gouvernement, TotalEnergies bénéficie déjà de largesses pour construire une extension du terminal méthanier du Havre. En discussion depuis le mois de mars entre la major pétro-gazière, les autorités locales et le gouvernement, ce projet méthanier doit permettre d’augmenter les volumes de gaz fossiles importés en France de l’équivalent de 10% de la consommation française annuelle.

Jouant sur la peur de la rupture d’approvisionnement, la major a donc obtenu, dans le premier projet de loi qui sera examiné par la nouvelle législature, l’introduction d’un article (l’article 12) visant à accélérer et simplifier la construction d’un terminal méthanier flottant qui viendra compléter la capacité de celui d’Antifer, le terminal méthanier existant. Pire, un régime de dérogation spéciale est prévu dans le projet de loi pour s’affranchir des procédures d’évaluation de l’impact environnemental de l’installation.
Greenpeace souligne que la justification de ce terminal par la nécessaire sécurisation des approvisionnements pour aider les Français à passer l’hiver, qui s’annonce tendu d’un point de vue énergétique notamment en raison des défaillances des réacteurs nucléaires dont la moitié sont à l’arrêt, est fausse puisque le terminal ne serait pas opérationnel avant l’automne 2023.

“ Que fait un article sur l’extension d’installations gazières dans une loi sur le pouvoir d’achat des citoyens ?, dénonce François Chartier, chargé de campagne énergies fossiles chez Greenpeace France. Cet article 12 semble avant tout un cadeau très dangereux accordé à TotalEnergies qui avait besoin de ces dérogations au plus vite !
Son second quinquennat à peine entamé, le président Macron, qui affirmait que la France devait être la première grande nation à sortir des énergies fossiles, pose donc un premier acte en totale contradiction avec ses paroles, pourtant reprises mot pour mot hier par la Première ministre dans sa déclaration de politique générale. Ce n’est pas en se donnant les moyens d’importer plus d’énergies fossiles que l’on en sortira !”.
L’extension de ce terminal ouvre en effet la porte à l’importation de gaz de schiste américain ou aux productions à venir issues des bombes climatiques dans lesquelles TotalEnergies investit massivement, comme au Mozambique ou au Qatar.

La nouvelle législature, dont le premier projet de loi est censé répondre à la crise énergétique et à ses conséquences sur le pouvoir d’achat, commencera donc par un cadeau aux énergies fossiles : relance du charbon et facilitation du développement d’un terminal méthanier. Dans le même temps, les mesures sur l’accélération des énergies renouvelables et sur la sobriété, pourtant absolument indispensables face à cette crise énergétique et aux risques de rupture d’approvisionnement de cet hiver, sont repoussées à la rentrée. Le quinquennat ne pourrait pas plus mal commencer.