Une présidence française ambitieuse ?

Paris, le 25 juin – Alors que le ministre d’Etat Borloo a présenté ce matin à la presse les priorités environnementales de la présidence française de l’Union européenne, Greenpeace s’inquiète de la hiérarchisation des priorités et d’oublis manifestes derrière l’incontestable ambition affichée.

Climat énergie

20% de réduction des gaz à effet de serre, c’est insuffisant !
Conformément aux recommandations des scientifiques du GIEC et aux engagements européens lors de la conférence de Bali, l’objectif de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2020 devrait se situer entre 25 et 40% en 2020. L’Europe a la responsabilité majeure d’envoyer le juste signal à la communauté internationale, comme elle a une obligation de moyens. Elle doit s’engager à réduire ses émissions de 30% en 2020.

Réduction des consommations d’énergie : le parent pauvre du paquet énergie
La facture énergétique européenne atteint le chiffre astronomique d’1 milliard d’euros par jour. Les citoyens européens sont confrontés à une hausse majeure de leur facture énergétique, en particulier celle des carburants. Les experts soulignent que l’Europe pourrait réduire de moitié ses consommations d’énergie d’ici 2050. La Commission européenne constate que le gaspillage de 20% de nos ressources énergétiques nous coûte tous les ans 100 milliards d’euros, 1000 euros par ménage et 1 million d’emplois qualifiés et non délocalisables. L’objectif d’économies d’énergie est pourtant le seul à valeur indicative. Aucun texte du paquet ne traite de la réduction de la consommation. Greenpeace regrette que la France ne fasse pas de ce sujet sa priorité, en rendant l’objectif européen contraignant. L’efficacité reste de très loin la réponse la moins chère et la plus propre aux changements climatiques et à la crise énergétique !

Sécurité énergétique : le terrain de lobby des industries énergétiques
Greenpeace s’inquiète en outre de voir la sécurité énergétique résumée à la sécurité des approvisionnements. Là encore, la priorité devrait être les économies d’énergie, notamment dans les pays d’Europe centrale et orientale où les gisements sont considérables. Le développement des énergies renouvelables devrait être la seconde priorité de ce paquet « sécurité » d’autant plus que l’Europe importe la presque totalité de ses besoins en pétrole et en uranium.

Réglementation des émissions des voitures : le scandale
Greenpeace continue de dénoncer le deal Sarkozy / Merkel sur les émissions de CO2 des voitures. En bradant la lutte contre les changements climatiques, la défense du pouvoir d’achat et la sécurité énergétique de l’Union aux seuls intérêts financiers des constructeurs automobiles allemands, la France a commis une faute lourde. Ce deal pourrait se traduire finalement par un objectif de 138g de CO2 par km d’ici 2015 et 110 g pour 2020 ! Bref, autant dire que cet accord équivaut à l’engagement de 140g que les constructeurs automobiles européens s’étaient engagés à tenir pour… 2008. Et qu’il est très loin des recommandations de l’agence européenne pour l’environnement.

Les oubliés

A côté du livre vert sur déforestation et les changements climatiques, les documents du MEEDAT omettent la réglementation européenne sur le commerce de bois illégal. A plusieurs reprises, le Ministre Borloo a pourtant indiqué qu’il ferait une priorité de cette règlementation FLEGT. Simple oubli ?

De même, les réformes de l’agence européenne de sécurité alimentaire, en charge de l’évaluation des OGM, et du processus d’autorisation des OGM ne sont pas explicitement évoquées. Ces sujets ont pourtant fait l’objet d’une première discussion lors du conseil environnement du 5 juin. Greenpeace demande à ce que ces réformes essentielles soient maintenues dans les priorités françaises.

« Le Ministre Borloo affiche une incontestable ambition pour la présidence française. Greenpeace considère néanmoins que l’efficacité énergétique devrait être la priorité numéro 1, répondant le plus intelligemment aux enjeux de climat, de pouvoir d’achat et de sécurité énergétique. A tous égards, le deal Sarkozy Merkel envoie le pire des signaux ! » conclut Yannick Jadot, directeur des programmes de Greenpeace.