Climat

Retard sur le chantier EPR de Flamanville : rien ne va plus dans le royaume nucléaire français

Après l’EPR finlandais construit par Areva, c’est au tour du réacteur français construit à Flamanville dans la Manche par EDF d’afficher des retards dans sa construction à travers la voix d’Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva. Cette dernière, interviewée ce matin sur France Inter, croit savoir que l’EPR français sera finalisé en 2013 alors que le planning initial prévoit 2012. Une déclaration aussitôt contredite par EDF dans un communiqué.

« Rien ne va plus dans le royaume nucléaire français ! Non seulement les retards s’accumulent dans les deux projets d’EPR avec les conséquences économiques importantes, mais en plus les deux industriels français se tirent dans les pattes, chacun se réjouissant des problèmes rencontrés par l’autre, déclare Frédéric Marillier, chargé de campagne Énergie de Greenpeace France. Au fur et à mesure que les difficultés surgissent, la belle unité des promoteurs français du nucléaire laisse peu à peu place à une course au bonnet d’âne ! »

L’annonce du retard, bien que démentie, arrive après une succession de mauvaises nouvelles sur le chantier EPR de Flamanville. Bouygues a annoncé plusieurs mois de retard dans le bétonnage de la dalle du réacteur selon l’édition des Échos du 27 octobre dernier. Dans la foulée, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé à Areva, suite à des non-conformité dans le contrôle qualité « d’apporter la démonstration de la qualité des pièces du pressuriseur récemment fabriquées » qu’elle a sous-traité en Italie. Le pressurisseur est un composant imposant (14 mètres de long et 140 tonnes) et majeur du circuit de refroidissement du futur réacteur. Une mauvaise qualité mettrait en jeux la sûreté du réacteur. Enfin la semaine dernière, EDF a été contraint d’avouer devant la Commission locale d’information l’échec total des travaux de creusement du tunnel pour la future canalisation de rejet en mer. L’électricien a annoncé qu’il allait totalement de stratégie et de méthode de travaux, chose qui allait nécessiter une nouvelle enquête publique et provoquer plus d’un an de retard sur cette partie du chantier !

Pour Greenpeace, ces nouvelles informations confirme que l’EPR français prend le même chemin que son grand frère finlandais et apporte de nouvelles preuves que l’industrie nucléaire est incapable de tenir ces engagements en terme de coût et de délais.

« Tout comme Tchernobyl était un accident soviétique, l’industrie française veut nous faire croire que les problèmes à Olkiluoto sont des problèmes finlandais. Aujourd’hui la réalité du chantier à Flamanville démontre jour après jour qu’il s’agit en fait d’un problème global d’une industrie incapable de construire un réacteur dans les délais, les coûts et les normes imposées », reprend Frédéric Marillier.

Greenpeace estime qu’à l’heure du ralentissement de la croissance et de la rigueur budgétaire, la France a certainement mieux à faire en matière de politique énergétique que d’investir plus de trois milliards d’euros dans un projet inutile, mal maîtrisé, extrêmement coûteux et risqué.