Dimanche 6 septembre 2015, 30 ans après, interviewé par Médiapart, le colonel Jean-Luc Kister (nom de code Alain Tonel), le poseur de la bombe qui a coulé le Rainbow Warrior dans la nuit du 10 au 11 juillet 1985, raconte, à visage découvert, dans les moindres détails, ce qu’il s’est passé. Et ses premiers mots sont des excuses pour la famille de Fernando Pereira (tout particulièrement sa fille), pour Greenpeace et pour le peuple néozélandais.

Rainbow Warrior : 30 ans après, les excuses du poseur de bombe

Dimanche 6 septembre 2015, 30 ans après, interviewé par Médiapart, le colonel Jean-Luc Kister (nom de code Alain Tonel), le poseur de la bombe qui a coulé le Rainbow Warrior dans la nuit du 10 au 11 juillet 1985, raconte, à visage découvert, dans les moindres détails, ce qu’il s’est passé. Et ses premiers mots sont des excuses pour la famille de Fernando Pereira (tout particulièrement sa fille), pour Greenpeace et pour le peuple néozélandais.

Le Rainbow Warrior, coulé le 10 juillet 1985 par une équipe de la DGSE


« J’ai la mort d’un innocent sur la conscience »

Pourtant l’homme n’est pas ce qu’on pourrait appeler un émotif. Ex nageur de combat émérite, décoré de la Légion d’Honneur en 1994, conseiller militaire à l’ONU… c’est un officier endurci.

En 1985, obéissant aux ordres, habitué aux missions commando discrètes et radicales, c’est lui qui pose la bombe qui entraine la mort de Fernando Pereira. Mais pour le colonel, aucune doute, Fernando Pereira est un innocent : il n’aurait dû en aucun cas être tué.

« Il y avait d’autres moyens d’immobiliser le Rainbow Warrior »

Le colonel Jean-Luc Kister concède qu’il y avait d’autres moyens pour immobiliser le Rainbow Warrior. Et qu’il avait été très étonné de la nature de cette mission. À l’époque, ses services étaient surtout concentrés sur les agissements d’hommes dangereux comme Kadhafi… Et pour lui, les activités de Greenpeace ne justifiaient pas ce type d’intervention musclée. Mais sous le prétexte que l’organisation était « infiltrée » par des puissances étrangères, il était nécessaire d’agir avec force…

Rien ne fera revenir Fernando Pereira : mais lui rendre hommage est un devoir

Les excuses du colonel Jean-Luc Kister ne feront pas revenir Fernando mais elles prouvent, une fois de plus, que notre camarade est un innocent qui a été sacrifié au nom d’une raison d’État que même l’un de ses serviteurs remet en cause. C’est pourquoi en écho à ces révélations, nous voulons insister auprès des mairies de France, et plus particulièrement celle de Paris, la capitale des grandes décisions politiques françaises, pour que la mémoire de Fernando soit réellement et pleinement honorée, comme il se doit. Et qu’une rue ou une place porte son nom.

Une rue pour Fernando Pereira, militant écologiste tué par la DGSE le 10 juillet 1985

Plus jamais ça !

Et bien entendu, cette tragédie nous met en garde. À tout moment, un gouvernement qui se sent débordé par l’engagement de militants déterminés peut choisir la pire des options : celle de la violence. Au risque « calculé » de tuer des innocents… C’est inadmissible !

En ces périodes troublées où celles et ceux qui s’engagent pour protéger la planète sont confrontés à des lobbies puissants et des gouvernements sans scrupules, il est plus que nécessaire d’être vigilant. La France, il y a trente ans, a donné au monde entier le pire des exemples. Espérons qu’elle saura se racheter même si la loi sur le renseignement et la loi dite de Ganay sur l’intrusion dans les centrales nucléaires ne vont pas dans le sens de la liberté et du respect de la voix citoyenne…