vidéo sur ce thème : https://www.youtube.com/watch?v=O4mYwf7SIGk
https://agir.greenvoice.fr/petitions/exigeons-une-eau-potable-pour-aujourd-hui-et-pour-demain
Groupe local Greenpeace de Poitiers et Vienne Nature environnement
Destinataire(s) : Les préfet.es, les ministres de l’agriculture, de la transition écologique, de la santé, les députés.ées et sénateurs.trices, le la Président.e de la République. POUR UNE EAU POTABLE SANS CHLOROTHALONIL
Un peu partout notre eau de boisson n’est plus potable mais consommable ! Qu’en est-il exactement ? Faut-il craindre pour notre santé maintenant et à l’avenir ?
Septembre 2023 : Dans le département de la Vienne, les distributeurs d’eau Eaux de Vienne et Grand Poitiers ont décelé et quantifié dans l’eau du robinet la présence d’un métabolite (un résidu après épandage) du Chlorothalonil (le Chlorothalonil-R471811). Les concentrations du Chlorothalonil-R471811 dépassent en Vienne les normes sanitaires. C’est inquiétant !
Le Chlorothalonil, a des effets néfastes sur la santé humaine qui soulèvent des inquiétudes sérieuses. Il est qualifié de « pertinent », c’est-à-dire qu’il peut « engendrer un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur » (définition 2019 de l’ANSES). Il est suspecté par l’ANSES de présenter un risque cancérigène pour l’homme. Dans les deux tiers du territoire de la Vienne, les concentrations relevées ne répondent pas aux critères règlementaires qui définissent une eau potable (maximum 0,1µg par litre d’eau pour une molécule de pesticide). C’est le cas dans 58 Unités de Distribution (UD) dans le périmètre d’Eaux de Vienne (200 000 habitants concernés) et dans 7 UD de Grand Poitiers (130 000 Habitants). Pour ces 330 000 habitants, l’eau du robinet a été déclarée non « potable » et elle le reste aujourd’hui, mais elle est dite « consommable » tant qu’elle ne dépasse pas une « valeur sanitaire maximale » fixée à titre provisoire par l’ANSES à 3µg par litre.
Pour plusieurs captages, à Cuhon/Massognes, Vendeuvre, Mirebeau, entre mars et juin 2023, les concentrations ont dépassé cette teneur maximale et l’eau du robinet n’a plus été consommable. Cela peut se reproduire et c’est très inquiétant !
Une situation ubuesque : les treize installations de traitement sur charbon actif en fonctionnement dans le département sont inadaptées à cette pollution massive et les deux producteurs d’eau de la Vienne ont déclaré qu’ils n’avaient pas les moyens financiers de mettre en œuvre les technologies complexes qui seraient efficaces (ultra- filtration ou osmose inverse) et qu’ils refusaient de faire payer la note – considérable – aux consommateurs.
Pour toute réponse, l’Agence Régionale de Santé leur a demandé de solliciter du Préfet une dérogation pour distribuer une eau non potable, dérogation aussitôt accordée avec un délai de 3 ans renouvelable. Ces arrêtés préfectoraux de « dérogation » vont entériner légalement cette situation pour une période de 3 ans renouvelable sans que les producteurs d’eau – Eaux de Vienne et Grand Poitiers – n’aient les moyens techniques et financiers de dépolluer à cette échelle et dans ce délai. Les molécules issues du Chlorothalonil resteront longtemps dans les nappes qu’elles ont polluées durant 40 ans Sur une très grande partie du territoire, on constate une pollution quasi-généralisée au Chlorothalonil (et autres molécules de pesticides).
Comment en est-on arrivé là ? Le fongicide Chorothalonil, imprudemment autorisé par l’État, a été épandu sur les terres agricoles durant trente ans avant d’être interdit en Europe en 2019, avec usage autorisé en France jusqu’en 2020.
Le mal est fait. Non seulement les concentrations de ce métabolite ne devraient pas baisser dans les années à venir, mais devraient même augmenter compte tenu de la lenteur d’infiltration des eaux de pluie vers les nappes. Le pire est sans doute à venir !
De plus, d’autres métabolites du Chlorothalonil, non recherchés, pourraient à l’avenir aggraver la situation. Les deux tiers de la France et d’autres pays sont touchés : la Suisse cherche et trouve 8 métabolites du Clorothalonil !
Chaque individu, enfant ou adulte, a le droit fondamental à une eau potable exempte de substances dangereuses. En signant cette pétition, nous demandons à nos élus de prendre les mesures nécessaire pour protéger notre santé et l’environnement. » : « l’usage de l’eau appartient à tous et chaque personne physique, pour son alimentation et son hygiène, a le droit d’accès à l’eau potable dans des conditions économiquement acceptables par tous ».
Pourquoi faut-il agir maintenant ?
Que l’État prenne ses responsabilités.
C’est lui qui a donné, contre tout principe de précaution, une autorisation de mise sur le marché. Il doit organiser une action immédiate curative puisqu’avec le Chlorothalonil, il est déjà trop tard pour faire de la prévention.
L’Agence de l’Eau Loire Bretagne et l’État doivent fournir aux deux producteurs publics d’eau potable de la Vienne les moyens techniques et financiers pour dépolluer sans alourdir la facture d’eau de nos concitoyens.
Que le préfet de la Vienne prenne aussi ses responsabilités de manière préventive.
Il a les moyens règlementaires de limiter les risques qu’un autre pesticide reproduise demain la situation actuelle. Il doit les utiliser.
L’arrêté du 4 mai 2017 relatif à l’utilisation des produits phytosanitaires confirmait le droit du préfet « en cas de risque exceptionnel et justifié de restreindre ou interdire l’usage des produits phytosanitaires » (article 5).
Depuis le 4 avril 2022, le SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) Loire Bretagne a élargi ce droit aux pollutions chroniques, les pollutions dites « diffuses » par nitrates et pesticides. Il précise dans son programme de mesures qu’un des « leviers mobilisables » pour lutter contre les pollutions diffuses est dans les mains du préfet : il peut les règlementer dans le cadre des Périmètres de Protection des Captages (PPC). Le préfet définit ces PPC dans l’arrêté de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) qu’il doit prendre pour légaliser l’exploitation de tout captage pour l’eau potable. Le Code de la Santé confirme ce droit.
Nous demandons au préfet d’utiliser ce droit sans délai pour tous les captages à qui il vient d’accorder une dérogation pour distribuer de l’eau non potable et pour ceux qui sont en limite de dépassement des normes de qualité.
Nous lui demandons :
– d’interdire les pesticides dans les périmètres de protection de ces captages s’ils sont déjà définis ;
– de réviser tous ses arrêtés de DUP et d’en prendre de nouveaux pour les captages qui en sont dépourvus afin de prescrire des périmètres de protection correspondant aux zones vulnérables aux pollutions diffuses et afin d’interdire les pesticides dans ces zones.
Nous attendons des producteurs d’eau potable, pour chaque captage en limite ou en dépassement des normes de qualité ou sur une courbe menaçant de les atteindre, qu’ils mettent en œuvre un programme d’actions volontaires agro écologiques en coopération avec les agriculteurs et qu’en cas d’échec patent au bout de deux programmes, ils demandent au préfet le classement de l’Aire d’Alimentation en « Zone Soumise à Contraintes Environnementales » (ZSCE). Ainsi à leur demande l’État pourra interdire les pesticides dans les secteurs vulnérables de ces aires.
Nous demandons aux législateurs – nos députés et sénateurs – de renforcer et simplifier la prévention des pollutions par nitrate et pesticides en inscrivant dans la loi :
– l’obligation pour les préfets de définir pour tous les captages d’eau potable les Aires d’Alimentation de Captage (AAC) et d’y prescrire la cartographie de leurs zones vulnérables.
– l’obligation d’interdire les pesticides dans les zones vulnérables des AAC et d’y limiter les apports en azote sur toute demande justifiée de la part des producteurs d’eau et dans tous les cas d’atteinte ou dépassement des seuils de qualité ainsi que dans tous les cas où la courbe d’évolution des teneurs en polluants indique un risque de dépassement des normes de qualité.
Des ressources en eaux protégées des intrants chimiques, c’est mieux que de devoir financer des usines de dépollution qui viendront trop tard et feront exploser le prix de l’eau.
Les pratiques de nombreux paysans, mais aussi les rapports scientifiques montrent qu’une agriculture sans engrais azotés de synthèse, sans herbicides, fongicides, insecticide, est possible et rentable. Elle permettrait de couvrir les besoins alimentaires de la population. Nous demandons au gouvernement d’accompagner techniquement et financièrement l’ensemble de la filière agricole dans des pratiques soucieuses de la santé de tous et respectueuse de l’environnement. Une agriculture durable est indispensable pour une bonne qualité de l’eau.
Toutes ces mesures sont urgentes, notre santé à tous est en jeu.