Climat

Liaisons dangereuses entre dérèglement climatique et catastrophes naturelles

Durant ces dernières semaines, de gigantesques feux ont fait rage dans la partie occidentale de la Russie, touchée depuis début juillet par une canicule sans précédent. Les incendies ont tué au moins 54 personnes et ravagé une superficie de 190 400 hectares, menaçant des installations stratégiques. Les pires inondations depuis 80 ans au Pakistan ont tué plus de 1600 personnes et laissé 2 millions de sans abris. Près de 1500 personnes sont mortes dans des glissements de terrain et des inondations en Chine. Il ne s’agit pas là de dresser un tableau apocalyptique, mais de prendre un peu de recul par rapport à cette actualité.

Si l’on ne peut, objectivement, attribuer chaque événement individuellement au dérèglement climatique, l’accumulation de catastrophes naturelles en si peu de temps s’inscrit en cohérence avec les prévisions des climatologues du GIEC. Par exemple, une canicule, comme celle de 2003 qui a frappé l’Europe ou comme celle qui touche en ce moment la Russie, n’est pas une preuve que le climat change : un tel événement, même s’il est inédit et improbable, n’est pas impossible dans un climat non perturbé par l’homme. En revanche, le fait que l’on trouve dans les douze dernières années (1997-2008) les dix les plus chaudes depuis que l’on fait des mesures dans le monde est quasiment impossible en l’absence d’un réchauffement global.

La probabilité de certains événements extrêmes comme les canicules et les sécheresses semble déjà avoir augmenté, même s’il est impossible de dire qu’un événement donné est « causé » par le changement climatique. C’est ce à quoi va ressembler notre monde si nous ne faisons rien pour enrayer le phénomène, des événements climatiques toujours plus fréquents et plus intenses. La nature nous dit qu’il est temps d’agir, qu’il est urgent de se défaire de notre dépendance aux énergies fossiles et d’offrir aux générations à venir un futur vert et prospère.

Focus sur l’inadaptation du nucléaire au dérèglement climatique
Le risque que font courir les incendies en Russie prouvent l’inadaptation du nucléaire aux changements climatiques. 10 provinces portent encore les stigmates de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, notamment Bryanskaya qui reste la plus contaminée. De même, dans le sud de l’Oural, les alentours de l’usine russe de retraitement et de stockage des déchets de haute activité de Mayak, sont fortement marqués par les conséquences de la grave explosion de 1957. Greenpeace demande depuis plusieurs années que les zones contaminées soient nettoyées mais rien n’a été fait, faisant aujourd’hui courir un risque aux populations.

Les incendies venant à toucher ces zones, les radioéléments rejetés dans l’atmosphère lors de ces explosions nucléaires peuvent être inhalés directement par les populations proches, exposées aux fumées. Les retombées d’éléments radioactifs viennent aussi contaminer les sols, la flore et donc la faune sur un périmètre qui dépendra des vents. Greenpeace a dressé une carte des zones contaminées où des incendies se sont déclarés, contrairement à ce qu’en disent les autorités russes.

En parallèle, le feu menace aussi directement de nombreux sites nucléaires, ce qui repose clairement la question de la vulnérabilité du nucléaire aux catastrophes climatiques. Rappelons que pendant la canicule de 2003, il a fallu arroser le toit de la centrale de Fessenheim en Alsace pour la maintenir en fonctionnement. Comment AREVA et le gouvernement français pensent-ils faire fonctionner des réacteurs dans des zones comme les Emirats Arabes Unis, où les températures moyennes maximales sont supérieures à 30°C 8 mois de l’année ?

Greenpeace demande donc que le gouvernement français fasse un état des lieux complet de la vulnérabilité du parc nucléaire au dérèglement climatique (inondations, risque d’incendies, etc…) à un horizon 30 ans, durée qui correspond à l’extension de la durée de vie des centrales actuelles envisagée par EDF.

Les demandes de Greenpeace sur le climat
S’il est trop tard pour empêcher un changement climatique minimal, il est encore temps d’agir pour éviter un réchauffement de forte ampleur. Tout dépend de ce qui sera fait ou non pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (GES). Pour limiter l’augmentation des températures mondiales en deçà de 2°C, il est nécessaire d’inverser la courbe des émissions mondiales de GES, en croissance constante depuis des dizaines d’années, d’ici à 2015, avant de les réduire à un niveau proche de zéro le plus tôt possible, avant 2050.

Pour cela, l’Europe doit s’engager à réduire de 30% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020. C’est la première étape vers un engagement nécessaire de l’ensemble des pays industrialisés à réduire de 40% leurs émissions d’ici à 2020, seul objectif compatible avec la science du climat. Les pays en développement dans le même temps doivent réduire de 15 à 30% la croissance de leurs émissions de GES d’ici à 2020.

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