Exploiter des forages pétroliers en Arctique est vraiment une très mauvaise id

Climat

Les projets de forage de Shell tournent (encore…) au cauchemar

Exploiter des forages pétroliers en Arctique est vraiment une très mauvaise idée. Nous en sommes persuadés.

Et s’il était encore besoin de le prouver le Kulluk, une plateforme de forage de Shell, s’est échouée dans le golfe d’Alaska. Après une saison de forage infructueuse, le vieux rafiot rentrait au port lorsqu’il s’est trouvé confronté à une série de difficultés qui l’ont laissé à la dérive.

Jeudi 27 décembre 2012, le Kulluk était en train de se faire remorquer par l’Aiviq (le tout nouveau navire de Shell à 200 millions de dollars), lorsque la tempête s’est déchaînée sur la mer de Béring. Une corde de remorquage a rompu. La plateforme était livrée à son sort.

Plus qu’un sauvetage, une épopée rocambolesque

Les jours suivants, l’Aiviq a effectué plusieurs tentatives de rallier le Kulluk, en vain, gêné par une mer agitée et des vents atteignant les 120 km/heure.

Samedi, l’équipage du Kulluk a été évacué par hélicoptère par les garde-côtes américains, et la plateforme a dû jeter l’ancre pour ralentir sa dérive vers les côtes. L’amarre du remorqueur a pu être rétablie à deux reprises, mais a cédé à chaque fois. Lundi soir, la plateforme, livrée à elle-même, s’est échouée sur l’île Sitkalidak, près de l’archipel Kodiak.

Le Kulluk transporte 600 000 litres de diesel et environ 50 000 litres d’huile de graissage et de liquide hydraulique. Pour l’instant, aucun déversement n’a été observé.
Un responsable qui a participé à l’opération de sauvetage, s’exprimant sous couvert d’anonymat, tire pourtant le signal d’alarme : « Nous ne pouvons pas connaître les dégâts. Il fait trop sombre. Le temps est épouvantable. » Shell et les gardes-côtes se demandent désormais comment ramener la plateforme à bon port, mais les conditions climatiques extrêmes leur compliquent la tâche.

2013. Et si Shell prenait (enfin) de bonnes résolutions ?

Nous connaissons déjà les conséquences terribles des marées noires en Alaska.
En 1989, l’Exxon-Valdez s’était échoué sur le récif de Bligh, déversant des centaines de milliers de barils de pétrole dans le détroit du Prince William. Des centaines de kilomètre de côtes avaient été souillées, et des milliers d’oiseaux, d’otaries, de phoques et d’orques englués. Encore aujourd’hui, les effets de cette marée noire se font sentir dans la région.

Malheureusement, Shell ne semble en avoir cure. En Arctique, la compagnie anglo-néerlandaise persiste et signe dans les erreurs et les accidents : bateaux de forage échoués sur la plage, moteurs en feu, échec aux inspections de sécurité, équipements de confinement écrasés comme de vulgaires « boîtes de conserve »…

Shell affirme avoir un plan d’intervention « de classe mondiale » en cas de marée noire en Arctique. Mais après l’épisode rocambolesque du Kulluk, qui a encore envie de croire que la compagnie pétrolière est capable de forer en toute sécurité dans l’un des environnements les plus extrêmes de la planète ?

Ce pari est ridicule. En 2013, il est temps que Shell prenne enfin les bonnes résolutions qui s’imposent : mettre un terme à tout projet de forage et sauver l’Arctique !

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